Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le problème de 89.


I. — Histoire des Principes, des Institutions et des Lois pendant la Révolution française, par M. F. Laferrière.
II. — Des Principes de la Révolution française considérés comme principes générateurs du socialisme et du communisme, par M. Albert Du Boys, ancien magistrat.


Dans les défilés de la Thessalie, aux abords de la route parcourue par les héros et les pasteurs des peuples, l’imagination hellénique avait placé un être indéfinissable. Unissant les deux sexes et les attributs les plus contraires, il attirait les regards par la beauté de ses formes et se livrait sur ses victimes aux plus effroyables cruautés. Ce monstre posait aux voyageurs des problèmes obscurs et terribles comme lui-même. Échouaient-ils dans leurs efforts pour les résoudre, ils disparaissaient dans un gouffre profond. Parvenaient-ils à les deviner, la route de la puissance et de la gloire s’ouvrait devant eux libre et spacieuse.

Cette belle allégorie n’est ni d’un seul pays ni d’un seul siècle : elle exprime la condition permanente à laquelle est attaché le redoutable droit de commander aux hommes. Chaque époque a son problème vital qu’il faut résoudre, son sphinx dont il faut triompher sous peine de périr enlacé par ses étreintes. Toutefois le tourment des grandes perplexités et des longues incertitudes ne pesa peut-être jamais autant que de nos jours sur l’esprit et sur la conscience des peuples. Voici bientôt un siècle qu’une grande révolution est commencée dans les idées, dans les institutions et dans les mœurs, et le terme final de cette transformation semble devenir chaque jour plus éloigné et plus incertain. Enfans de la révolution française, nous ne savons ce qu’est notre