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LE


BARON DE STEIN.





Das Leben des Ministers Freiherrn von Stein, von G.-H. Pertz ; 4 vol. Berlin, 1849-1851.




Les événemens accomplis en Europe dans ces dernières années, les embarras intérieurs de la confédération germanique et les périls qu’elle pouvait redouter au dehors, la rivalité de la Prusse et de l’Autriche, la crainte déjà ancienne et récemment renouvelée d’une guerre générale où les traités de 1815 seraient en jeu, toutes ces causes si diverses ont ramené l’attention de l’Allemagne sur sa longue lutte avec l’empereur. La Prusse surtout, mise à deux doigts de sa perte à Auerstædt et à Iéna, relevée bientôt par l’activité hasardeuse de quelques hommes, la Prusse, au milieu des humiliations qu’elle a subies il y a un an à peine, devait réveiller avec soin le souvenir de cette grande époque. Quelles dramatiques années de 1805 à 1815 ! quelles catastrophes terribles, suivies de prodigieux efforts ! quel mélange de patience et d’audace dans les conseils de ce pays qu’un signe de Napoléon pouvait rayer de la carte ! S’il y a eu bien des fois un ferment d’esprit révolutionnaire au sein de l’absolutisme prussien, ce n’est pas à Frédéric-le-Grand qu’il faut en rapporter l’origine. Les souverains philosophes du nord de l’Europe avaient été avertis à temps par les tragédies de 92 ; en Suède et en Danemark, dans le cabinet de Berlin et sur le trône des tsars, l’absolutisme n’avait point tardé à remplacer les généreux entraînemens produits par la philosophie du XVIIIe siècle. C’est sous la domination du vainqueur d’Iéna, c’est pour combattre efficacement sa