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France une fantaisie, comme tant d’autres, avec le sacrilège et la profanation de plus, ou bien elle peut donner aux conditions nouvelles de la société française une stabilité et une paix qui leur ont jusqu’ici manqué. Jamais la responsabilité de tout homme qui professe l’amour de sa foi et de son pays, et veut les servir l’une et l’autre, n’a été si fortement engagée, et c’est pourquoi nous espérons que des réflexions sincères, exprimées avec modestie, mais avec franchise, ne paraîtront déplacées à personne.

C’est dans l’intention de donner à ces pensées une application plus précise que nous avons réuni sous un même chef trois publications fort diverses, portant des noms très inégalement célèbres, conçues, nous en sommes convaincu, fort indépendamment l’une de l’autre, mais liées pourtant, sans peut-être que leurs auteurs s’en doutent, par de très étroits rapports. Aucune d’elles ne s’est proposé pour but l’édification chrétienne proprement dite. Ce ne sont point des livres ni des manuels de piété: un juste sentiment des convenances nous interdirait d’en traiter ici. Ce ne sont pas non plus des exposés du dogme catholique, tel qu’il est sorti d’une révélation divine et qu’il est maintenu par une autorité infaillible : le commentaire serait, en ce cas, également déplacé. Ce sont des idées appuyées sans doute sur de grandes autorités, mais présentées cependant sous la responsabilité personnelle de leur auteur, des plans de philosophie religieuse, de politique religieuse, de littérature religieuse; c’est une triple entreprise pour tirer de la religion catholique des conséquences qui embrassent tout le domaine, même séculier, même temporel, de l’intelligence et de l’activité humaines; c’est une tentative de former le moule d’une société où tout, pensée, lois, arts, serait dirigé par les règles et inspiré par l’esprit de l’église catholique, d’une société catholique par excellence. Unis dans le but qu’ils se proposent, les trois auteurs le sont aussi dans leurs conclusions; ils aboutissent tous trois à un même idéal, qui est plutôt puisé dans leurs souvenirs que dans leur imagination. La société qu’ils veulent former a son type évidemment quelque part dans l’histoire; elle a son modèle dans le passé. C’est la société du moyen-âge, ce sont la politique, la philosophie, la littérature du moyen-âge, que M. le marquis de Valdegamas, le père Ventura et M. l’abbé Gaume ont tous trois en vue quand ils écrivent. Là est pour eux le catholicisme complet, avec toutes ses conséquences sociales; c’est à cette époque, dans leur pensée, que l’arbre a porté tous ses fruits et étendu toutes ses branches; c’est à se rapprocher de cette époque, à combler l’abîme qui nous en sépare, qu’ils ne cessent de convier par des appels pressans la société moderne.

Sous le nom de conférences, et bien qu’il parlât à deux pas de l’autel, du haut d’une chaire consacrée, le révérend père Ventura a fait