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pédition des Américains contre l’empire japonais semble perdre de ses proportions et même de sa probabilité. Du reste, elle n’a qu’un but tout pacifique, à ce qu’assure le gouvernement hollandais, et c’est pour cela qu’il a consenti à s’en mêler. Déjà en 1844, il avait fait quelques tentatives pour nouer des rapports avec l’empereur du Japon, et il avait même obtenu une interprétation plus libérale des lois japonaises au sujet des équipages et des navires naufragés. Une tentative nouvelle peut n’être point sans succès et arracher quelque concession nouvelle. Peut-être la patience et la modération hollandaises sont-elles mieux faites pour ouvrir cet empire, jusqu’ici fermé à l’univers, que les navires et les canons américains.

Les affaires d’Allemagne viennent de prendre une physionomie et une importance nouvelles. Les situations du moins se dessinent aujourd’hui plus nettement, et l’on peut désormais juger à quel point les gouvernemens germaniques sont divisés. Le cabinet prussien n’a pas attendu, pour changer d’attitude, que les résolutions de la récente conférence de Munich au sujet de la question du Zollverein lui fussent officiellement signifiées. Quand, le 28 septembre dernier, le plénipotentiaire bavarois, le colonel Meixner, écrivit au président du congrès de Berlin pour le prier de fixer une séance dans laquelle la décision des états assemblés à Munich pût être communiquée, M. de Pommer-Esche déclara sur-le-champ qu’en raison des instructions adressées la veille aux mmistres prussiens à Munich, Dresde, Cassel, Wiesbaden, ainsi qu’au gouvernement de Wurtemberg, il était dans l’impossibilité d’indiquer la séance désirée. En d’autres termes, la Prusse avait pris le parti de dissoudre le congrès. Le prétexte légal qu’elle invoquait, c’est que les cabinets dissidens n’avaient point répondu le jour marqué, c’est-à-dire le 15 septembre, à la déclaration prussienne du 30 août. Le sort en est donc jeté : le Zollverein est peut-être à la veille de se dissoudre. L’Allemagne entière est aujourd’hui préoccupée de cette éventualité ; le problème qui absorbe l’attention des hommes d’état et des écrivains, c’est de savoir comment et sur quel principe les états de la confédération pourront se grouper pour constituer de nouvelles unions. La Prusse, le Hanovre, les Mecklenbourgs, l’Oldenbourg et les villes anséatiques essaieront-ils de former un ZoUverein septentrional, tandis que la Bavière, la Saxe, le Wurtemberg, les Hesses et Nassau entreraient dans une combinaison séparée avec l’Autriche ? À entendre quelques organes des états du midi, le Hanovre chancellerait lui-même dans son amitié récemment encore si chaude pour la Prusse. Il paraît au contraire que le Hanovre, dont l’alliance étroite avec le cabinet de Berlin est un des incidens qui ont amené la crise actuelle, cherche à prendre un rôle de conciliation entre le midi et le nord. Qu’on ne l’oublie pas en effet : la dissolution du congrès de Berlin n’entraîne pas la rupture définitive des négociations ; on renonce seulement à traiter selon les formes spéciales indiquées par la convention organique du Zollverein, et on ne veut plus recourir à d’autres moyens qu’à la voie ordinaire de la diplomatie. C’est un procédé moins familier et moins amical ; mais il ne conduit pas nécessairement à la dislocation du Zollverein.

La diplomatie autrichienne, il faut le reconnaître, a déployé jusqu’ici dans ces débats les ressources les plus ingénieuses et les plus savantes ; la Prusse a affaire à forte partie. On se rappelle que, dans les derniers mois de 1851, l’empereur d’Autriche, voulant réparer les rigueurs de la révolution envers