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L’ombre, la fraîcheur, le silence,
S’éternisent sous ces rameaux.

Le chêne, aux jours d’ardeurs brûlantes,
— Pour que tout vienne en sa saison, —
Garde, à ses pieds, les jeunes plantes
D’une précoce floraison.

Aimez cet arbre aux fortes branches;
Voyez, sous son feuillage épais,
Comme l’œil bleu de ces pervenches
Dans l’ombre vous sourit en paix!

Sur le chêne essayant sa force,
L’enfant, jusqu’au nid du bouvreuil,
En s’aidant des nœuds de l’écorce,
Sait grimper comme l’écureuil.

Jouez sous le chêne robuste,
Et vous grandirez comme lui;
Et vous-même, d’un jeune arbuste
Quelque jour vous serez l’appui.

Ces chants que l’arbre fait entendre.
Cette ombre aux viriles douceurs,
Vous pourrez un jour les répandre
Sur votre mère et sur vos sœurs.

Imitez les grands bras du chêne
Luttant contre le vent du nord;
Endurcissez-vous à la peine :
Par elle vous deviendrez fort.

Loin de vous une enfance molle!
Du laboureur, du bûcheron.
Suivez, enfant, la rude école;
L’homme fort peut seul être bon.

Pour faire ainsi vos jours utiles
Et doux à ceux que vous aimez,
Profitez des leçons fertiles
Dont les champs sont partout semés.

Partout la nature sereine
Offre l’aide avec le conseil :
Cueillez, enfant, la bonne graine.
Dieu vous donnera le soleil.


III. — A UN POÈTE.


Beau lac, j’ai vu, de ce bois sombre,
Tes flots s’embraser au soleil;