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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

pier-monnaie en circulation ne doit pas dépasser la somme de 175 millions de florins ; à la fin du mois de juin, il n’a été que de 165 millions 883,981 florins. Ce papier-monnaie représente les valeurs les plus diverses, dont la plus petite est celle de 6 kreutzers, et l’on ne voit presque pas d’autre monnaie en Autriche. L’argent disparaît aussitôt qu’il entre dans la circulation, ce qu’on comprendra aisément en considérant que le papier-monnaie perd encore aujourd’hui 22 pour 100. Cependant l’Autriche a des ressources immenses, et on ne peut douter que, si la paix se prolonge, une administration habile et consciencieuse ne parvienne à rétablir l’équilibre dans ses finances.

Des projets d’agrandissement qui, contrairement peut-être aux vrais intérêts de l’empire, l’entraînent à étendre son territoire vers le nord, du côté de l’Allemagne, plutôt que vers l’orient, du côté de la Turquie, dominent la politique extérieure de l’Autriche. La révolution de 1848, après avoir placé cette puissance dans une situation critique, fut aussi pour elle l’occasion d’un glorieux effort qui réveilla toutes ses ambitions. L’audacieuse politique du prince Schwarzenberg succéda à la prudente réserve d’avant 1848 et aux tâtonnemens qui avaient un moment suivi les révolutions de cette année. L’Autriche se trouva plus forte et plus active que jamais en présence de l’Allemagne divisée et irrésolue : elle sut profiter avec son habileté traditionnelle des avantages de sa nouvelle position.

L’idée d’une union douanière de l’Autriche avec l’Allemagne n’est pas une chose nouvelle. La réalisation de cette idée a déjà été poursuivie par le prince de Metternich, il y a plus de dix ans. Ce n’est d’ailleurs pas un motif pour diminuer le mérite des hommes d’état actuels de l’Autriche : il y a parmi eux des esprits éminens et de zélés patriotes ; leur seul défaut consiste peut-être à vouloir aller au-delà des limites du possible. Un des hommes qui se sont le plus distingués depuis 1848 est M. le baron de Bruck, ancien ministre du commerce. M. de Bruck est né à Elberfeld le 18 octobre 1789, et se destinait d’abord au commerce. En 1821, il se rendit à Trieste, où plus tard il fut directeur de la compagnie maritime le Lloyd, qu’il a administrée avec un brillant succès. En reconnaissance de ces services, l’empereur lui conféra le titre de baron. En 1848, M. de Bruck défendit vivement les intérêts de l’Allemagne contre les prétentions du parti italien, et fut envoyé par les électeurs de Trieste comme député au parlement de Francfort. Le gouvernement autrichien le nomma plénipotentiaire auprès du vicaire de l’empire. Après la révolution du mois d’octobre 1848, il entra dans le ministère Schwarzenberg-Stadion comme ministre du commerce et des travaux publics. En cette qualité, il fut un des auteurs de la constitution du 4 mars 1849, prit part à la négociation du traité de paix avec le Piémont, et élabora, pour la réorganisation de son département, un