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naient ces objections, sinon de l’Autriche ? L’opposition que rencontra le traité du 7 septembre nous conduit, on le voit, à examiner quel a été en face du Zollverein le rôle de cette puissance et des partisans de l’union austro-allemande.


III.

Sur une étendue de 12,186 lieues carrées géographiques, l’Autriche compte 37,593,096 habitans, formant plus de vingt populations différentes. L’élément prédominant est l’élément slave. Des recherches récentes ont prouvé que la population allemande de l’Autriche n’atteint guère plus de 6 millions et demi d’habitans. La principale richesse de l’Autriche consiste dans les produits de l’agriculture, quoique celle-ci soit encore très arriérée dans la Hongrie et dans la Galicie. Le sol véritablement productif forme les 85 centièmes du territoire de l’empire. L’Autriche fournit elle-même presque toutes les matières premières pour son industrie ; elle est également très riche en produits minéraux, et son revenu territorial est évalué à près de 3 milliards et demi de francs[1].

L’Autriche occupe le cinquième rang parmi les puissances commerciales ; elle a exporté en 1847 pour 128 millions et demi de francs de matières premières, et seulement pour 94 millions de produits fabriqués. Son importation en produits du même genre n’a atteint que 20 millions, dont plus de la moitié consiste en filés pour l’usage des manufactures, et elle a été pour les matières premières de 46 millions. Le rapprochement de ces chiffres résume jusqu’à un certain point le caractère et la situation de l’industrie autrichienne. Cette industrie n’a jusqu’à présent une grande importance que pour le marché intérieur de la monarchie, qu’elle dispense presque entièrement de recourir aux manufactures étrangères. La perfection du dessin, de la forme et du goût, la délicatesse et le fini du travail, sont des avantages dont l’industrie autrichienne ne peut encore que faiblement se prévaloir. La marine marchande n’a pas non plus acquis un développement proportionné à la situation de cet empire. D’après la statistique de 1844, cette marine ne jaugeai ! que 222,541 tonneaux seulement.

L’histoire financière de l’Autriche serait en quelque sorte l’histoire de sa civilisation. Malheureusement les données sur les siècles antérieurs au XVIIIe manquent presque complètement, et avant 1848 l’Autriche n’a jamais publié l’état de ses finances. Un grand désordre y avait régné jusqu’à cette époque. Le mauvais système de l’adminis-

  1. On peut voir à ce sujet les Annales du commerce extérieur, publiées en France par le ministère de l’agriculture et du commerce, n° 562, et l’ouvrage de M. von Reden, Allgemeine vergleichende Finanz-Statistik ; Darmstadt, 1852.