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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

le Zollverein : le gouvernement autrichien serait le premier à demander de toutes ses forces la réunion du Steuerverein au Zollverein. En somme, tous les griefs des adversaires du traité du 7 septembre reviennent à dire que, si l’Autriche faisait partie de l’union douanière, l’adjonction du Steuerverein au Zollverein serait une mesure excellente, mais qu’il n’en est pas de même tant que l’Autriche reste exclue de l’union.

La position difficile dans laquelle la Prusse s’était mise par la négociation du traité de septembre ne tarda pas à s’aggraver. Les traités du Zollverein expirent à la fin de l’année 1853, et, d’après une des conditions du traité, les modifications qui pourront y être faites doivent être annoncées deux ans avant l’expiration. La Prusse se conforma à cette clause : elle dénonça l’expiration du Zollverein ; mais elle donna par là de nouvelles armes à ses ennemis. Cette dénonciation était une simple formalité, car, dans la circulaire même qui formulait la dénonciation, la Prusse demandait une reconstitution immédiate du Zollverein sur les bases du traité du 7 septembre. Presque immédiatement on accusa la Prusse de vouloir se séparer du Zollverein pour lui dicter des conditions. L’Autriche, avec son habileté bien connue, vit là une brèche ouverte et résolut d’en profiter. La circulaire du gouvernement prussien était une faute. Connaissant la susceptibilité de ses ennemis, il aurait mieux fait d’éviter la dénonciation et d’annoncer simplement à ses alliés la conclusion du traité du 7 septembre, en leur fixant un délai pour se décider à accepter ou non les modifications survenues au pacte du Zollverein. Quoi qu’il en soit, le sort du traité de septembre fut incertain pendant quelque temps. Un fait grave vint augmenter cette incertitude. À la mort du roi de Hanovre, le 18 novembre 1851, tomba le ministère Münchhausen, sous lequel le traité avait été conclu. Le nouveau ministère, présidé par M. Scheele, était regardé comme penchant vers l’Autriche et comme protégeant les vues de la noblesse, qui, on le sait, sont contraires aux réformes de 1848. Le traité n’ayant pas encore été ratifié par les chambres, il était à craindre que l’influence du nouveau ministère ne fût assez grande pour le faire rejeter. Le bruit courut même un moment que les puissances étrangères faisaient valoir leur influence pour empêcher la réunion du Steuerverein au Zollverein. Cependant la politique de la Prusse finit par l’emporter, et le traité fut ratifié par le Hanovre comme par la Prusse.

La politique commerciale de la Prusse avait donc été, depuis la formation du Zollverein jusqu’au traité de septembre 1851, conforme aux vrais intérêts des états faisant partie de l’union douanière. Derrière les objections qu’au point de vue commercial on dirigeait contre la marche suivie par la Prusse, il n’y avait que des griefs politiques. D’où ve-