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faite d’un surcroît de consommation de denrées coloniales de la valeur de 788,371 thalers, et d’une économie de 300,000 thalers par suite de la suppression de l’ancienne ligne douanière, l’industrie du coton et des laines gagnerait, par l’accession du Hanovre au Zollverein, des avantages tels que chacun de ces articles fournirait une augmentation de bénéfices équivalente au prœcipuum. Le même calcul a été fait pour les soieries et pour d’autres produits industriels. Il est du reste singulier qu’on soit entré dans une critique aussi minutieuse du traité du 7 septembre, car l’importance du traité, sous le rapport de la politique commerciale, devrait suffire pour le protéger contre les attaques mesquines dont il est l’objet. En effet ce traité ouvre au Zollverein la Mer du Nord, et rend probable l’accession de la ville de Brème et peut-être aussi celle des autres villes anséatiques. Dans ce cas, le Zollverein aurait une marine marchande composée comme il suit : 794 navires du Hanovre (36,000 lasts), 248 navires de Brème (38,000 lasts), 318 navires de Hambourg[1] (241,000 lasts), 310 navires de Mecklenbourg (27,000 lasts), 210 navires d’Oldenbourg (9,000 lasts), et 78 navires de Lubeck (7,300 lasts) : total, 1,958 navires (158,300 lasts). Si l’on y ajoute maintenant les navires de la Prusse, le Zollverein aurait une marine de 3,361 navires (296,209 lasts). Une telle marine prendrait rang, par son importance, immédiatement après celle de l’Angleterre ; elle égalerait celle de la France et surpasserait celle de la Hollande. La marine de l’Autriche contient à peine le tiers du nombre de lasts jaugé par celle du nouveau Zollverein projeté. Les navires du port de Trieste forment à eux seuls les 89 centièmes de la marine autrichienne.

Le traité du 7 septembre intéresse naturellement la France et l’Angleterre. Pour cette dernière, il pourrait avoir des conséquences peu avantageuses, en diminuant l’exportation de ses tissus de coton et de laine vers les pays du Steuerverein ; mais, quant à la France, l’écoulement de ses marchandises resterait le même. L’importation des vins français dans les pays du Steuerverein ne diminuerait aucunement par suite de l’augmentation des droits d’entrée ; ces vins sont très recherchés dans le nord de l’Allemagne, et l’opulence qui y règne permet d’en faire une consommation assez considérable. Du reste il n’a pas manqué de voix en Allemagne pour rendre pleine justice à la politique commerciale de la Prusse, et tandis que les gouvernemens désapprouvaient le traité, les chambres de commerce du midi de l’Allemagne y ont donné leur entière adhésion. Qu’on suppose un moment que ce traité soit comme non avenu, qu’on admette l’entrée de l’Autriche dans

  1. Si Hambourg, la ville commerciale la plus importante de l’Europe après Londres et Liverpool, refusait de faire partie du Zollverein, elle pourrait trouver une concurrence sérieuse dans le port de Haarbourg, situé presque en face, de l’autre côté de l’Elbe, et appartenant au Hanovre.