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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

quêtes. Si l’on remontait à l’origine et à la formation des différens états, on trouverait que celle de la Prusse est une des plus légitimes. À ceux qui disent dédaigneusement que la Prusse est sortie d’une caserne, il est permis de demander s’il vaut mieux sortir d’un testament ou d’un contrat de mariage.

En réalité, les petits états d’outre-Rhin, qui redoutent le Zollverein comme instrument de l’ambition prussienne, s’effraient d’un danger qui n’existe pas, tant qu’un choc venant de l’extérieur n’aura pas donné le branle à l’Allemagne. L’union douanière a-t-elle empêché la Bavière d’envoyer ses troupes contre la Prusse, et M. von der Pfordten n’a-t-il pas avoué que l’expédition n’était pas dirigée contre la Hesse, mais contre l’union politique proposée par la Prusse ? Les petits états craignent qu’en se rapprochant de la Prusse, ils ne soient absorbés par cette puissance, mais, s’ils s’appuyaient sur l’Autriche, ils ne tarderaient pas à manifester la même crainte, d’autant plus que l’Autriche, en entrant dans la grande union douanière de l’Allemagne avec une population plus nombreuse à elle seule que celle qui se trouve actuellement dans cette union, pourrait évidemment conquérir une prépondérance bien plus dangereuse que ne le serait celle de la Prusse. Cette dernière considération n’a probablement pas échappé aux puissances étrangères, qui ne doivent pas être portées à désirer l’accession de l’Autriche au Zollverein, car le nouveau plan commercial de l’Autriche diffère très peu de son ancien plan politique, de faire recevoir tous ses états dans la confédération germanique.

Il importe d’entrer dans quelques détails sur le traité qui a fait naître en Allemagne de si graves dissentimens. Par ce traité, la Prusse accordait au Hanovre un prœcipuum, c’est-à-dire une prime en sus de la part de ce dernier pays aux revenus du Zollverein. En faisant ces concessions, la Prusse a calculé que le Hanovre augmenterait la caisse de l’union d’un million de thalers, sans compter une économie de 300,000 thalers obtenue par la suppression de l’ancienne ligne douanière sur les frontières du Hanovre. Comme la plupart des pays voisins de la mer, le Hanovre a des habitudes de luxe, de comfort, et lors des négociations il a pu faire valoir qu’il consomme proportionnellement plus de café, de thé, de riz, de fruits du midi, de tabac, de vin, d’alcool et de sucre que les autres pays du Zollverein. Malgré ces motifs fort légitimes, le prœcipuum a excité beaucoup de mécontentement chez les gouvernemens des autres états. Supposons maintenant que la Prusse se soit trompée dans son estimation : il faut d’abord considérer que l’industrie est très peu développée dans le Hanovre, qui est au contraire un pays agricole très riche, et que par conséquent le prœcipuum serait pleinement justifié comme une prime accordée pour l’agrandissement du marché du Zollverein. On a calculé du reste qu’abstraction