Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Mlle de Kœnigsmark.


I. Nouveaux Documens sur la Famille de Kœnigsmark découverts dans les archives de la bibliothèque de La Gardie et publiés par M. le docteur Palmblad ; Upsal, 1851.
II. Denkwürdigkeiten der Kœnigsmark’schen Familie (Souvenirs de la Famille de Kœnigsmark), von Cramer ; Leipzig, Brockhaus.


Pour peu qu’on se soit attardé quelque temps dans certaines résidences de l’Allemagne, qu’on ait étudié leurs annales privées, parcouru leurs jardins, leurs châteaux, leurs bibliothèques, leurs galeries de portraits, on aura remarqué la singulière influence que l’exemple de Louis XIV exerçait au XVIIe siècle sur la plupart des princes du saint-empire. Tout en faisant cause commune avec les ennemis de la France, tout en se liguant contre elle avec la Hollande et les Pays-Bas, on subissait à distance l’ascendant suprême du grand roi, on copiait son attitude, on l’imitait dans ses magnificences et ses amours. S’il me fallait trouver une période intermédiaire entre le relâchement des mœurs au XVIIe siècle et la licence du XVIIIe, c’est en Allemagne que je la chercherais. Chacun de ces électeurs, chacun de ces ducs et de ces princes veut avoir son Versailles et son Marly ; mais, comme une copie renchérit toujours sur l’original, les faiblesses de Louis XIV perdent chez ses imitateurs d’outre-Rhin cet air de grandeur qui les dissimule aux yeux du monde, et pour la première fois se dépouillent de ces réserves décentes qui sont comme un hommage rendu à la vertu. Vous n’êtes pas encore au Parc-aux-Cerfs, mais déjà vous n’êtes plus à Versailles, et cependant que d’aimables fantômes peuplent ces solitudes aujourd’hui silencieuses et délaissées de la Saxe-Électorale