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BEAUMARCHAIS


SA VIE, SES ÉCRITS ET SON TEMPS.


II.

LES ANNÉES DE JEUNESSE.[1]



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I. — ENTRÉE DE BEAUMARCHAIS À LA COUR. — SON PREMIER MARIAGE. — SA SITUATION AUPRÈS DE MESDAMES DE FRANCE.

Jusqu’à vingt-quatre ans, le jeune Caron bornait toute son ambition à vendre beaucoup de montres au roi, aux princes et aux seigneurs de la cour. Comment naquit en lui l’espoir de franchir la distance qui le séparait de l’aristocratie et de devenir à son tour noble de race, ou mieux de souche, comme il disait plus tard ? C’est ici qu’il convient de placer un petit portrait inédit qui me semble tracé d’après nature par l’ami Gudin. « Dès que Beaumarchais parut à Versailles, dit Gudin, les femmes furent frappées de sa haute stature, de sa taille svelte et bien prise, de la régularité de ses traits, de son teint vif et animé, de son regard assuré, de cet air dominant qui semblait l’élever au-dessus de tout ce qui l’environnait, et enfin de cette ardeur involontaire qui s’allumait en lui à leur aspect. »

Il est facile de juger, d’après ce portrait, que la modestie ne fut jamais le caractère principal de la physionomie de Beaumarchais, et que, s’il dut plaire aux dames de ce temps-là, qui aimaient assez ce genre de beauté, en revanche il dut avoir moins de succès auprès des

  1. Voyez la première partie dans la livraison du 1er octobre.