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tardé à se dessiner. La lutte a éclaté à l’occasion de la formation de la liste à présenter au choix du roi pour la nomination du président de la seconde chambre. Le candidat avoué et déclaré du ministère était M. Dullert, l’opposition conservatrice avait choisi l’ancien président, M. Boreel van Hogelanden ; c’est le premier qui a été porté au premier rang par 30 voix contre 28, et pour éviter même que le roi ne pût choisir le candidat conservateur, bien que porté au deuxième ou troisième rang, M. Boreel a été complètement éliminé de la liste. Il ne restait plus au roi qu’à choisir entre trois amis dévoués de M. Thorbecke, et c’est M. Dullert qui a été nommé. Le ministère semble donc assuré. Il ne faudrait pas cependant trop augurer de ce dernier succès. En réalité, dans la majorité ministérielle, compte la fraction catholique, qui n’appuie le cabinet actuel qu’en comptant recevoir de lui une satisfaction sur la question de l’enseignement. C’est cette fraction qui, au fond, est maîtresse de la majorité. L’existence du cabinet semblerait donc à la merci d’un simple déplacement de voix que la première circonstance peut entraîner. Le ministère hollandais a, du reste, maintenant à se compléter. La retraite du ministre des affaires étrangères est devenue définitive. M. van Sonsbeeke l’a officiellement déclaré dans la première chambre des états-généraux à l’occasion de la discussion du projet de règlement de la dette russe, qui avait été une des causes premières des difficultés politiques qu’il avait rencontrées. Par qui sera remplacé M. van Sonsbeeke ? Divers candidats sont désignés. Le plus important de tous est M. Rochussen, ancien gouverneur-général des Indes orientales, homme d’une intelligence remarquable ; mais on peut se demander si M. Rochussen consentira à entrer dans un cabinet à un titre jusqu’à un certain point secondaire, ayant en d’autres termes pour chef M. Thorbecke. Là est la difficulté, et si M. Rochussen entre au ministère, est-il bien sûr que M. Thorbecke ne finisse pas par en sortir ?

Une des causes de la retraite de M. van Sonsbeeke, au dernier moment, a été, on le sait, le rejet de la convention signée avec la France sur la propriété littéraire. Or ce rejet a produit dans le pays un effet tout contraire à celui qu’on en attendait. La société de la librairie hollandaise a adressé au gouvernement une pétition dans laquelle elle se déclare entièrement opposée à la contrefaçon. Bien qu’elle aspire à des équivalens, elle n’est point du tout opposée à la conclusion d’un traité avec la France. La retraite de M. van Sonsbeeke laisse aujourd’hui le terrain libre de toute comphcation personnelle, et il n’est point douteux que des négociations ne puissent amener promptement la signature d’un nouveau traité dont le principe est d’ailleurs si bien d’accord avec le vieil esprit de probité hollandaise.

L’Allemagne est aujourd’hui plus divisée que jamais au sujet de la réorganisation du Zollverein ; peut-être les affaires ont-elles reculé plutôt qu’avancé depuis quinze jours. Un nouveau congrès des alliés de l’Autriche a eu lieu à Munich, au centre même de la lutte engagée par l’Allemagne du midi contre la Prusse. Le congrès de Munich, tout en consentant à la reconstitution préalable du Zollverein, continue d’exiger qu’un traité soit subséquemment signé entre le Zollverein et l’Autriche, et que l’union, pour un avenir rapproché, soit implicitement stipulée. D’autre part, le voyage entrepris en ce moment par le roi de Prusse dans le Hanovre et le duché d’Oldenbourg semble avoir