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semble annoncer une heureuse modification dans la manière de M. Verdi, c’est que les voix y sont traitées avec plus de ménagement et ne dépassent jamais les limites d’une échelle modérée.

L’exécution de Luisa Miller est encore moins soignée que ne l’avait été celle d’Otello, où M. Bettini seul a fait preuve d’un véritable talent. Mlle Cruvelli, qui a montré son insuffisance dans le rôle si difficile de Desdemona, n’a pas mieux compris celui de Luisa. Il ne faut pas que Mlle Sophie Cruvelli se dissimule une chose, c’est qu’elle a beaucoup perdu depuis deux ans dans l’estime du public parisien. Sa jeunesse, sa belle voix d’un timbre si chaleureux et si pénétrant, les avantages de sa personne et la fougue de son imagination, qui lui ont valu ses premiers succès, sont des qualités précieuses que la jeune cantatrice n’a pas su féconder par le travail et la docilité aux conseils de la critique. Les éloges extravagans qu’on lui prodigue chaque jour et qui n’ont aucune influence sur les gens de goût ont été funestes à Mlle Cruvelli, qui s’est crue une virtuose de premier ordre, tandis qu’elle n’est encore qu’un écolière d’avenir. Je crains bien que Mlle Cruvelli ne s’arrête au milieu de la carrière qu’elle pourrait parcourir d’une manière si brillante. Il y a dans le talent de la jeune et charmante cantatrice quelque chose de la brusquerie et de la passion mal contenue qui caractérisent la musique de M. Verdi. M. Bettini, qui a été faible dans le rôle d’Otello, est beaucoup mieux dans celui de Rodolfo, qui n’exige pas une grande flexibilité d’organe. Il a chanté avec une émotion réelle et beaucoup de succès le bel air du second acte. Il est bien dommage que M. Valli, qui joue le rôle de Miller, n’ait point une meilleure voix, car c’est un artiste de beaucoup de talent. Les chœurs et l’orchestre laissent beaucoup à désirer aussi bien pour la justesse des mouvemens que pour celle des intonations.

On assure que M. le directeur de l’Opéra a fait traduire en français le libretto de Luisa Miller, qui sera donné prochainement à l’Académie de musique. Nous sommes loin de blâmer une pareille tentative, car, après Meyerbeer, personne ne peut mieux que M. Verdi essayer de remplir l’interrègne qui existe depuis trop long-temps sur notre grand théâtre lyrique.


P. SCUDO.


REVUE LITTÉRAIRE.
MISCELLANÉES HISTORIQUES. — LES SOCIÉTÉS SAVANTES.

Il en est des travaux des historiens et des érudits comme des fouilles des archéologues : on a beau chercher dans les livres, on découvre toujours quelque perspective nouvelle à travers les horizons sans bornes du passé; on a beau chercher sous la terre, chaque coup de pioche ramène quelque débris nouveau, et, si mince qu’il soit, ce débris, par sa vétusté seule, intéresse, non-seulement les savans, mais ceux même qui n’ont jamais entendu nommer la science. Je me souviens de la curiosité singulière excitée chez de bons paysans, dont la plupart ne savaient pas lire, par la découverte d’un sarcophage gallo-romain. Placé dans un terrain sec et calcaire, le squelette s’était conservé tout entier; une épée courte reposait à ses côtés, et l’on distinguait au milieu d’une poussière brune les débris de quelques ornemens militaires, les restes d’un ceinturon orné de plaques de métal, un collier et des agrafes,