Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 16.djvu/1187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acheminement vers ce second fait important dont nous parlions, et qui est la signature d’une convention provisoire avec la France pour laisser toute latitude à la négociation d’un traité définitif destiné à régler les divers intérêts des deux pays. La convention passée à Bruxelles le 9 décembre peut se résumer en un mot : elle remet provisoirement en vigueur le traité de 1845, et elle ajourne l’échange des ratifications des deux conventions littéraire et commerciale du 22 août jusqu’à la conclusion d’un traité général. Le décret sur les houilles et les fontes belges a été en même temps rapporté par le gouvernement français. Maintenant des négociations nouvelles vont s’ouvrir, et il n’est point douteux que, sous ces auspices d’une bienveillance mutuelle, elles n’arrivent à une fin plus heureuse que par le passé. Pour le moment, la situation de la Belgique se trouve déchargée du poids que faisaient peser sur elle les difficultés commerciales de ces derniers mois. À côté de ces divers actes, le gouvernement belge vient de prendre récemment une mesure d’une certaine importance financière. Il a réduit, lui aussi, la rente 5 pour 100 à 4 et demi pour 100, avec faculté pour les porteurs de rentes de se faire rembourser. C’est le 16 décembre qu’expire le délai dans lequel le remboursement peut avoir lieu, et il ne semble pas que les demandes soient considérables, ce qui peut laisser croire au succès de la mesure.

Tout reprend donc son cours normal en Belgique après les inquiétudes passagères soulevées par des difficultés d’une nature d’ailleurs purement commerciale. Au milieu des mouvemens contemporains de l’Europe, des transformations politiques de tout genre, ce qu’il y a même à remarquer, c’est la fermeté avec laquelle se soutiennent et fonctionnent les institutions libres. Le régime constitutionnel est sorti intact en Belgique de ces tristes et orageuses années ; rien encore ne le menace. En est-il de même partout où il existe ? Le régime constitutionnel est visiblement en proie, au-delà des Pyrénées, à une crise grave Cette crise, nous l’avons déjà fait pressentir d’après tous les symptômes qui se manifestaient en Espagne, et maintenant elle est devenue un fait avéré et patent. C’est le 1er décembre, on le sait, que devaient se réunir les cortès, et qu’elles se sont réunies en effet. La lutte a éclaté presque immédiatement à l’occasion de la nomination du président du congrès. Le candidat du cabinet de Madrid était M. Tejada ; c’est sur M. Martinez de la Rosa que se sont portées les voix de toutes les oppositions réunies, et c’est M. Martinez de la Rosa qui a été élu. Le lendemain, au premier mot d’un député qui entamait une sorte d’acte d’accusation contre le ministère, le président du conseil, M. Bravo Murillo, se levait un décret de dissolution à la main. Les cortès espagnoles sont donc maintenant dissoutes ; elle n’ont eu qu’un jour de session. Il faut ajouter que le décret par lequel le parlement était dissous prescrit en même temps des élections sous l’empire de la loi électorale actuelle, et convoque des chambres nouvelles pour le 1er mars prochain. Le cabinet de Madrid ne s’est point arrêté là : il a rendu publics les divers projets de réformes politiques qu’il se propose d’accomplir avec le concours du nouveau parlement, afin que le pays puisse aujourd’hui se prononcer et voter en connaissance de cause. Ces projets portent sur divers points. En réalité, c’est toute une législation qui comprend une constitution nouvelle et huit lois organiques sur l’organisation du sénat, sur les élections des