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aucun de ces points essentiels du sujet, si l’on veut se faire une idée exacte de l’avenir du nouvel état américain.


I. - LE TERRITOIRE ET LES HABITANS.

Le territoire californien se divise en deux régions très distinctes : la Haute ou Nouvelle-Californie, devenue un état de l’Union américaine ; — la Vieille ou Basse-Californie, soumise encore aujourd’hui à la domination du Mexique. Rien n’appelle notre attention sur la péninsule aride qui forme ce qu’on pourrait appeler la Californie mexicaine. La pêche des perles est la principale industrie des habitans de cette province. C’est la Haute-Californie qui est surtout le théâtre de l’exploitation des placers ; c’est d’elle que nous avons particulièrement à nous occuper.

Le pays désigné géographiquement sous le nom de Haute-Californie (Alta-Califonia) est situé, de l’ouest à l’est, entre l’Océan Pacifique et les Montagnes Rocheuses, sur une largeur de près de 1,200 kilomètres. Du nord au sud, depuis le 42e degré de latitude nord, un peu au-dessus du cap Mendocino, il s’étend, sur une longueur de 1,400 kilomètres, jusqu’à la rivière Gila, qui a son embouchure dans le golfe de Californie à la latitude de 32 degrés nord. La superficie totale de la Haute-Californie peut ainsi être évaluée approximativement à 16,000 myriamètres carrés.

La chaîne de montagnes de la Sierra-Nevada, séparée de l’Océan Pacifique par une distance de 250 kilomètres, traverse ce pays dans toute son étendue, parallèlement au littoral. Au-delà de cette chaîne, dans la direction de l’ouest à l’est, s’étend jusqu’aux Montagnes Rocheuses une contrée encore à peine explorée par les Européens, laquelle forme un bassin d’une superficie de 6,000 myriamètres. Le terrain est recouvert çà et là de belles prairies, de forêts de pins, de lacs très poissonneux, et parsemé, sur la lisière de ce bassin, de nombreux cours d’eaux, près desquels vit, aujourd’hui comme depuis des siècles, une population indienne. Au centre, cette région présente au contraire une très grande aridité ; on n’y rencontre que des collines entièrement nues et des plaines dépourvues de toute végétation.

De l’autre côté des montagnes de la Sierra-Nevada jusqu’à l’Océan Pacifique, sur une largeur de 250 kilomètres, est la seule partie de la Haute-Californie qui ait été fréquentée jusqu’à ce jour par des flots de population venus de presque tous les points du globe. De ce côté, le climat, le sol avec ses collines et d’immenses plaines richement parées par la nature, les précieux métaux qui y sont enfouis avec profusion, font reconnaître un pays des plus favorisés. À l’extrémité nord de la Haute-Californie prend sa source, dans les