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rendement supérieur à 17 dollars par tonne ; une quatrième égalait la richesse du n° 4, pris dans le précédent comté.

« Dans le comté de Mariposa, sur huit expériences, trois veines donnèrent à peine de 3 à 7 dollars par tonne ; trois, de 7 à 20 dollars ; une seule, 24 dollars, et une autre, 38 : les deux dernières veines avaient attiré des mineurs qui se disposaient à les exploiter.

« Aucune entreprise n’exige une étude plus attentive ni plus dispendieuse que l’exploitation du quartz aurifère. Une bonne veine, qui rendra par exemple 36 dollars par tonne de minerai, peut être considérée par des hommes modérés comme une affaire satisfaisante. On en trouve parfois de beaucoup plus riches ; mais, de tous les moulins à broyer le quartz qui ont été établis en Californie, je ne crois pas qu’un tiers soit employé sur des mines qui rendent 30 dollars la tonne pour un travail de quelque durée. Aussi la moitié des travaux de ce genre sont interrompus. »


D’après l’espèce de procès-verbal que nous venons de citer, une veine de quartz, pour être productive, devrait donner 36 dollars, soit 192 fr. 60 c. par tonne. En poids, cette somme représente 55 grammes sur 1,000 kilogrammes, ou cinq parties et demie d’or sur cent mille de quartz. Le minerai de fer rend 10 à 15 pour 100 de métal, et la production de la fonte exige infiniment moins de travail et de dépense que l’extraction de l’or. En Australie, il est vrai, on a d’abord supposé, après l’analyse de quelques onces de quartz prises au mont Ophir, que la tonne devait rendre plus de 1,100 livres sterling ; mais ces expériences, faites sur une très petite échelle, ne méritent aucune confiance. Il n’est pas probable que l’Australie, quand les mineurs se trouveront réduits à l’exploitation du quartz aurifère, donne des résultats beaucoup plus encourageans que ceux de la Californie.

L’abondance extraordinaire de l’or ne se présente donc pas avec les caractères de la durée. C’est une invasion soudaine à laquelle nous avons à faire face ; ce n’est pas, autant que l’on peut en juger aujourd’hui, le règne d’un métal qui vient en détrôner un autre. Néanmoins il en résulterait infailliblement une baisse très prononcée dans la valeur de l’or par rapport à celle de l’argent, sans l’activité que semble prendre l’exploitation des gîtes argentifères. D’autres causes individuellement secondaires ont concouru ou pourront concourir à neutraliser l’effet de cette inondation.

C’est peu de savoir à quelles quantités s’élève la production annuelle des métaux précieux, si l’on n’examine dans quelles proportions ils se distribuent entre les deux hémisphères. L’argent donne lieu à un commerce régulier, et, sortant de sources depuis long-temps ouvertes, il vient à peu près exclusivement s’échanger en Europe contre les produits du sol ou de l’industrie. L’or de la Californie, au contraire, richesse inattendue qui jaillissait dans un pays neuf, a dû être