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L’or exporté de la Californie en 1851 est évalué par la douane de cet état à 56 millions de dollars. Suivant des calculs publiés par le San-Francisco Herald, le premier trimestre de 1832 aurait présenté, non plus pour les sommes expédiées, mais pour la production totale, un chiffre de 14,656,142, ou plutôt, en relevant d’une once la valeur de l’or, de 15,572,151. À ce compte, la production de l’année 1852 ne serait pas inférieure à 62 millions de dollars. L’exportation du mois d’avril est évaluée à San-Francisco à 3,422,000 dollars, soit un peu plus de 18 millions de francs. Les produits des placers, quoique toujours abondans, diminuaient, suivant les dernières nouvelles. Néanmoins, si l’Australie ne leur enlève pas leurs ouvriers les plus expérimentés et les plus avides, les mines de la Californie paraissent devoir rendre cette année quelque chose comme 300 millions de notre monnaie. C’est six fois la production de l’or au commencement du siècle, dans les contrées du globe que la civilisation pouvait alors atteindre. C’est deux fois la production de l’or en 1847. On n’a pas besoin assurément d’exagérer les nombres, comme l’ont fait plusieurs écrivains des deux côtés de l’Atlantique, pour prouver qu’un changement se prépare dans les valeurs monétaires, et que le statu quo qui dure depuis un demi-siècle n’est pas cependant éternel.


IV

Des trois grandes régions aurifères qui alimentent aujourd’hui le commerce des métaux précieux, la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, est celle dont l’exploitation, à peine commencée, a le plus vivement saisi l’attention publique. Cette terre a plusieurs avantages sur les autres continens. Le climat y est doux et d’une parfaite salubrité. Le sol n’en est ni occupé par des tribus féroces ni infesté par des animaux malfaisans. Dans une contrée où la sécheresse est le principal obstacle que rencontre l’agriculture, la région aurifère, située sur les deux versans des chaînes de montagnes les plus élevées et à la naissance des cours d’eau, comprend les terres les mieux arrosées. Elle paraît s’étendre du nord-est au sud-ouest, en suivant le cours de la rivière Murray, le fleuve le plus considérable de l’Australie, sur une longueur de quatorze cents milles (2,452 kilomètres) et sur une largeur de quatre cents milles (643 kilomètres). La surface de cette immense contrée représente quatre fois celle de la Californie et cinq fois celle des Iles Britanniques.

Les effets de l’or californien se font principalement sentir loin du pays producteur. Les vallées du San-Joaquin et du Sacramento n’étaient, avant les fouilles miraculeuses de 1847, qu’un déserta peine interrompu par quelques oasis de culture. La Californie n’avait ni population, ni agriculture, ni commerce, ni industrie. Des rancheros,