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plus d’exactitude des données qui ont toujours un côté conjectural, on n’évalue qu’au quart des quantités déclarées l’or dont les voyageurs se chargent eux-mêmes. À ce compte, il y aurait déjà 25 millions de dollars, soit plus de 133 millions de francs à rabattre ; mais il me paraît encore très douteux que la production de 1850 ait dépassé ce chiffre de 329 millions de francs que des renseignemens recueillis sur les lieux et publiés également par le ministère du commerce présentent comme s’appliquant aux deux années 1830 et 1849. Nous avons du reste un critérium plus sûr dans les quantités d’or monnayées aux États-Unis. Voici les chiffres officiels.


Versé au change Converti en monnaie
1849 12,243,175 dollars 9,007,761 dollars
1850 38,365,160 31,981,737
1851 56,867,220 62,812,478
Total 107,475,555 103,801,976

Tout l’or versé au change ne provenait pas de la Californie ; une partie de cette somme consistait en espèces envoyées d’Europe et qui s’échangeaient contre des fonds américains ou contre des marchandises. Les trésors trouvés en 1848 dans la vallée du Sacramento appartenaient, comme on sait, principalement à des étrangers. Au mois de mars 1850, les hôtels des monnaies aux États-Unis n’avaient reçu encore que 11 ou 12 millions de dollars en or californien. À la fin d’août de la même année, les sommes versées au change ne s’élevaient qu’à 24 millions et demi de dollars. Un an plus tard, les monnaies avaient reçu en or de cette provenance, depuis l’origine, 80 millions de dollars.

Les États-Unis fournissent à la Californie, à raison de la proximité et du lien politique, le plus grand nombre des immigrans. C’est avec les États-Unis principalement que la nouvelle colonie commerce. Il semble donc que la force des choses doive diriger vers les états de l’Union le courant métallique qui descend de la Sierra-Nevada. Sans doute, une partie de l’or que l’on récolte annuellement en Californie reste dans le pays pour alimenter la circulation monétaire. Des sommes considérables se répandent aussi dans l’Amérique du Sud et parmi les peuples commerçans de l’Europe, soit en paiement des denrées et des produits manufacturés, soit comme le prix accumulé du travail. Je n’exagérerai rien en supposant que les sept dixièmes de l’or produit chaque année vont se faire monnayer aux États-Unis, et que le dixième de la production, sans faire escale à New-York ou à la Nouvelle-Orléans, est expédié directement en Europe. Ainsi, les États-Unis ayant reçu de la Californie 100 millions de dollars jusqu’à la fin de 1851, la production totale des quatre années, y compris 1848, qui n’a rien fourni aux monnaies américaines, a dû être de 750 à 800 millions de francs.