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misère qui frappent les individus, le travail des mines californiennes ait été profitable à la masse des émigrans, puisque l’émigration ne s’arrête pas et que l’exploitation des terrains aurifères n’a pas cessé. Les résultats, sans approcher des sommes fabuleuses que l’enthousiasme ou la peur a données pour des réalités, excèdent largement les plus magnifiques dont l’histoire du passé dépose ; essayons de les préciser.

M. Butler-King, dans le rapport qu’il adressait au secrétaire d’état de l’intérieur en 1830, après une exploration consciencieuse de la Californie, évaluait à 40 millions de dollars le rendement des lavages et des mines d’or pour les deux années 1848 et 1849. La base de ce calcul, le premier qui se présentât avec une autorité officielle, était un produit de 1,000 dollars (5,350 fr.) par mineur et par année. Suivant M. Butler-King. l’émigration américaine n’aurait afflué en Californie que vers le mois de septembre 1849, et jusque-là des étrangers, venus principalement du Mexique et de l’Orégon, auraient recueilli presque tout le profit des lavages.

Le San-Francisco Herald estimait, à la fin de 1850, la production de l’or en Californie, pour les vingt-et-un mois qui s’étaient écoulés du 1er avril 1849 au 31 décembre 1850, à la somme de 68,587,591 dollars, somme qui représente près de 367 millions de francs. Suivant des renseignemens publiés en France par le ministère du commerce, et dont les élémens paraissent avoir été recueillis sur les lieux la production aurait été un peu moindre : du 1er avril 1849 au 31 mars 1831, en deux années, elle se serait élevée à 329 millions de francs[1].

M. Emile Chevalier, qui vient de remplir une mission du gouvernement français à Panama, dans un rapport qu’il adresse à M. le ministre des affaires étrangères, indique des résultats beaucoup plus considérables. L’or transporté comme fret par les bateaux à vapeur en 1850 se serait élevé, suivant lui, à la somme de 50,306,525 dollars. L’auteur du rapport ajoute, sur le témoignage d’une personne qu’il dit être très compétente, que les sommes transportées par les voyageurs eux-mêmes ne vont pas à moins des trois-quarts des valeurs consignées comme marchandise, et c’est ainsi qu’il arrive au chiffre vraiment extraordinaire de 88 millions de dollars, soit plus de 470 millions de francs pour une seule année. À San-Francisco, où l’on peut apprécier avec

  1. Savoir : or exporté de San-Francisco avec manifeste ou par les
    fr.
    passagers 215,019,000
    exporté au Chili et au Pérou 6,865,000
    par navires de guerre anglais 4,365,000
    converti en espèces à San-Francisco 7,831,000
    expédié par terre au Mexique 37,500,000
    sans manifeste par le commerce 25,000,000
    déposé chez des banquiers, etc 30,000,000
    converti en monnaie, bijoux, etc 3,113,000
    Total 329,713,000