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Au total, les appréhensions du gouvernement hollandais se sont jusqu’à présent trouvées vaines, et le but qu’il se proposait n’a pas même été partiellement atteint. Sans doute, l’argent, érigé en étalon unique de la monnaie, abonde dans le pays au-delà du nécessaire ; mais il a fallu remplacer l’or par un papier-monnaie à basses coupures qui ne sortira plus de la circulation. On a maintenant des billets de 10 et de 5 florins (21 francs et 10 francs 50 centimes) que le gouvernement émet, et qui, lancés d’abord à titre transitoire, ne tarderont pas à devenir définitifs. La Hollande marche sur les traces de la Prusse et de l’Autriche. Le gouvernement hollandais avait supposé que les pièces d’or, en perdant le caractère de monnaie légale, resteraient dans la circulation comme monnaie de commerce et que chacun s’empresserait de les accepter à prix débattu. C’était méconnaître la nature de la monnaie, qui n’entre comme signe et comme intermédiaire dans les échanges qu’à la condition de présenter une valeur certaine. Comme on aurait dû le prévoir, l’or a cessé de circuler en Hollande, et, à la place de l’or, on a le papier-monnaie. Il est douteux que la nation ait gagné au change.

Nous pensons avoir réduit à sa juste valeur la baisse épisodique de l’or en 1850 ; mais, depuis dix-huit mois, la production de ce mêlai a fait d’immenses progrès. La crise qui n’existait alors que dans les imaginations pourrait avoir pris pied et se montrer imminente dans les réalités : voilà ce qu’il importe d’examiner.


L’exploitation des gisemens aurifères s’est principalement développée dans trois grandes régions : la chaîne de l’Oural et celle de l’Altaï ; la Californie avec ses ramifications de l’état de Sonora au sud, de l’Orégon au nord ; les contrées orientales et les districts méridionaux de l’Australie. Suivons-en les résultats par ordre de date.

Ce sont les lavages de la Russie qui ont fait sortir la production de l’or de l’état de langueur dans lequel elle était tombée à la fin du XVIIIe siècle. Les gisemens de l’Oural, découverts les premiers, n’ont jamais donné une moisson très abondante. L’exploitation est à peu près impossible au-delà du 60° degré de latitude. En-deçà, et bien qu’on l’ait entamée sur une grande échelle, il y a plus d’un demi-siècle, elle reste à peu près stationnaire depuis quinze ans. Les résultats annuels, partagés presque également entre la couronne et les particuliers, n’excèdent guère 5,000 kilogrammes.

Il en est autrement des gisemens aurifères de l’Altaï. Malgré la rigueur d’un climat inhospitalier et les difficultés que l’on rencontre pour la main-d’œuvre dans les rangs d’une population clair-semée, l’exploitation y a pris des développemens 1res rapides. Commencée en 1828, elle ne rendait huit ans après que 1,722 kilogrammes ; mais, à partir de cette époque, elle semble augmenter dans une proportion géométrique : on