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Le gouvernement néerlandais vient du reste de recevoir un singulier hommage des États-Unis. Le gouvernement de l’Union américaine l’a choisi comme médiateur dans ses différends avec le Japon. Le gouvernement hollandais est déjà intervenu, en 1846, auprès de l’empereur du Japon dans l’intérêt du commerce général; la bonne intention ne lui manquera pas, mais il est douteux que sa médiation obtienne un grand succès.

En Allemagne, les esprits sont toujours tenus en suspens par la lutte commerciale de la Prusse et de l’Autriche. La question vient d’entrer néanmoins dans une phase nouvelle et approche d’une crise qui promet d’être décisive. La Prusse l’a compris; elle ajourne le congrès de Berlin au 16 août, afin de donner le temps aux désaccords survenus au sein de la coalition de Darmstadt de produire toutes leurs conséquences. Ainsi que nous , annoncions récemment, quelques-uns des états qui ont consenti à épouser les griefs de la Bavière contre la Prusse se sont aperçus qu’ils risquaient de faire fausse route, et ne professent plus le même zèle pour les combinaisons arrêtées à Darmstadt. Telle est notamment la conduite que tiennent le Wurtemberg et le grand-duché de Bade, et vers laquelle la Saxe semble à son tour incliner. La Bavière néanmoins persiste à ne rien céder à la Prusse, et repousse toute idée de transaction sur le principe de l’union austro-allemande, devenue décidément le cheval de bataille de M. de Pfordten.

Il est impossible de méconnaître le rôle distingué que la diplomatie bavaroise a joué depuis quatre ans dans les affaires fédérales. A la fin de 1848, au moment le plus critique des révolutions qui réduisaient l’Autriche à une impuissance à peu près absolue en Allemagne, la Bavière défendait presque à elle seule l’indépendance des petits états, menacée par la Prusse. C’est la Bavière, en un mot, qui a offert au cabinet de Vienne le point d’appui à l’aide duquel il a pu d’abord reprendre sa position en Allemagne et déjouer plus tard à Olmütz les dernières ambitions du cabinet de Berlin. Ce rôle choisi avec intelligence et rempli avec une fermeté peu commune assigne à ce petit pays une place des plus honorables dans l’histoire de la récente lutte des gouvernemens contre la révolution ; mais cette politique si légitime et si heureuse semblait avoir atteint son but du jour où l’équilibre nécessaire à l’indépendance des états secondaires et des petits états de la confédération était rétabli entre la Prusse et l’Autriche. Que servait d’avoir brisé l’union restreinte de M. de Radowitz pour seconder les projets bien autrement hardis du prince Schwarzenberg? Certes on concevrait que la Bavière, enorgueillie à bon droit des services rendus par elle aux états secondaires et surtout à ceux du midi dans la dernière crise fédérale, vînt aujourd’hui leur demander de consacrer par des liens plus étroits avec elle l’influence qui lui est due. On concevrait qu’en présence des deux grands états qui tour à tour aspirent à absorber l’Allemagne, le cabinet de Munich eût proposé au congrès de Darmstadt une union plus intime des états du midi, dont la Bavière eût été le noyau et le centre; mais continuer de se faire le champion des intérêts autrichiens quand déjà l’Autriche est redevenue toute-puissante, plaider la cause des douanes austro-allemandes quand la confédération vient d’être menacée de l’incorporation de toutes les provinces autrichiennes, c’est méconnaître, ce semble, les vrais intérêts de la Bavière, c’est compromettre sa position au moment même où les circonstances lui