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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1852.

L’atmosphère politique, on n’en peut douter, se ressent d’habitude étrangement des variations de l’atmosphère physique. Quelques degrés de plus ou de moins dans la température ont toujours exercé une assez grande influence. Nous ne parlons pas des époques exceptionnelles où les courans électriques sont dans l’air, et où l’ardeur des esprits se combine avec l’ardeur du ciel pour se résoudre en quelque éruption révolutionnaire; nous parlons des époques plus normales où la vie publique suit son cours avec ses alternatives ordinaires, réglées par les saisons. Autrefois même, quand la lutte incessante des partis était dans la nature et dans les conditions du gouvernement, il venait toujours un instant où tout cédait au goût et au besoin du repos; les premiers souffles embrasés dépeuplaient les chambres et dispersaient le monde politique; la vie parlementaire était suspendue comme pour laisser à l’esprit public, au pays, aux législateurs, le temps de se retremper dans le calme et la régularité de la vie commune, dans la préoccupation unique des affaires et des intérêts. L’été venait faire trêve heureusement aux agitations politiques. Plus tard, après 1848, on avait inventé les assemblées permanentes, — chose presque monstrueuse et contre nature. On s’en tirait alors par la prorogation; ce que la constitution posait comme une exception devenait une règle. Les mœurs étaient plus fortes que la loi, et imposaient cette satisfaction, donnée à l’invincible besoin du repos. Qu’est-ce donc dans le moment où nous sommes, quelques mois à peine après les événemens qui ont si complètement changé les destinées de la France, avec la lassitude universelle sous laquelle plient les esprits, avec des conditions nouvelles de gouvernement qui ne multiplient point, on le sait, les causes d’agitation ! L’influence de l’été est d’autant plus sensible, et se révèle dans ce calme plat qui se déclare à la surface du monde politique. Le corps législatif s’est dispersé à jour fixe comme le veut la constitution; le sénat vient de terminer, il y a moins de temps