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PEINTRES


ET


SCULPTEURS MODERNES


DE LA FRANCE.




PRADIER.




Né à Genève en 1790, Pradier fut destiné par sa famille à la profession de graveur, comme son frère aîné, à qui nous devons plusieurs planches plus remarquables par le caractère que par le maniement du burin. Il me suffit de citer Virgile lisant le sixième livre de l’Enéide. A coup sûr, il est facile de signaler bien des traces de gaucherie dans cette gravure, et pourtant il y a lieu de croire que l’auteur de la composition n’en est pas mécontent. M. Ingres pouvait trouver sans peine un interprète plus habile, mais il devait désespérer de rencontrer un interprète plus docile, plus fidèle, et je pense qu’il a bien fait de s’en tenir à M. Pradier. Le statuaire que la France vient de perdre, et dont je vais essayer de caractériser le talent, montra de bonne heure une passion très vive pour le dessin. M. Denon, homme d’esprit et de goût, dont les livres n’apprennent pas grand’chose, mais qui avait beaucoup vu et savait discerner le vrai mérite, se prit d’affection pour James Pradier encore enfant j et le plaça dans l’atelier de Lemot. Les leçons d’un tel maître n’étaient pas de nature à féconder l’esprit de ses élèves.