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SOUVENIRS D’UNE STATION


DANS LES MERS DE L’INDO-CHINE.





LUÇON ET LA DOMINATION ESPAGNOLE AUX PHILIPPINES.




Nous avions visité, sur les côtes septentrionales de la Chine, les ports dont le traité de Wam-poa nous ouvrait l’accès. Entre les Anglais et les Chinois, il n’y avait plus à Canton de question pendante. Le moment semblait donc venu de tourner nos regards vers les parties jusqu’alors négligées, mais non point oubliées, de la station que le gouvernement français avait confiée à notre surveillance. Cette station n’avait jamais été limitée aux rivages du Céleste Empire : elle s’étendait vers le sud jusqu’au détroit de la Sonde, vers l’est jusqu’aux dernières dépendances des Philippines ; elle embrassait ainsi la totalité de l’Archipel indien, les Indes néerlandaises comme les colonies espagnoles. On franchit sans peine, en cinq ou six jours, les deux cents lieues qui séparent la rade de Macao de celle de Manille. Les vents de nord-est et ceux de sud-ouest favorisent presque également, pendant les deux moussons, le voyage vers les Philippines et le retour vers les ports du Kouang-tong. Il nous fallait, au contraire, deux ou trois mois de liberté pour songer à pousser nos croisières jusqu’au port de Batavia ; ce n’était point seulement six cents lieues que nous allions mettre entre nous et les côtes de Chine ; c’étaient les lenteurs d’une traversée à contre-mousson, soit pour aller à Batavia, soit pour en revenir, que nous devions nécessairement prévoir. — Heureusement