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Dans les bleus chantiers de tes rades
Se changent en hardis vaisseaux!

Le bruit des métiers et des forges
Trouble les échos du Thabor;
L’Olympe, du fond de ses gorges,
Verse le vin, l’argent et l’or,
Et la terre livre un trésor
De fruits, de blés, de foins et d’orges.

Damas trempe le fer rougi
Dans les eaux vives de ses fleuves;
Enfin le soufflet a mugi
Dans ses manufactures veuves,
Et l’acier fin des lames neuves
Sort des flots clairs du Baradji.

O Stamboul! ô mère du monde!
Centre du nouvel univers,
Quelle foule empressée abonde
Dans tes bazars toujours ouverts :
L’Angleterre y jette ses fers,
Et nous les vins de la Gironde.

Des ports de Sidon et de Tyr,
Des montagnes de la Judée
Rouges du sang d’un Dieu martyr,
Et des plaines de la Chaldée,
Et de l’Egypte fécondée,
Des hommes nouveaux vont sortir!

Arrière les chevaux numides!
Ils arrivent comme un torrent,
Emportés par des chars rapides
Qui dépasseraient en courant
La jument noire du Koran,
El-Borak aux pieds intrépides!

Sur la route qu’ils fouleront
La terre deviendra féconde!
Des fils magiques porteront
Tes volontés au bout du monde;
Et de Bagdad à Trébizonde
Les arts et les blés fleuriront !