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Toi qui vis au-dessus de la hauteur commune!
O maître souverain sur deux mondes dressé,
Tu touchais de la main, suivant ta fantaisie,
L’avenir lumineux, ou le sombre passé;
Vivant avec l’Europe, — ou mort avec l’Asie!
La vie a triomphé : le sort en est jeté !
De son trône descend l’orgueilleuse ignorance;
Et l’école est ouverte où croît en liberté
Tout un peuple d’enfans rendus à l’espérance.
Tes sujets devenus égaux devant la loi,
Les chrétiens accueillis, l’industrie honorée,
Les intrigans de cour rejetés loin de toi,
Et la peste elle-même en ses déserts rentrée;
Tous les fils du pouvoir en ta main réunis,
La féodalité découragée ou morte,
Et ton foyer ouvert à de nobles bannis :
Quels travaux accomplis par ta main juste et forte!
Ce n’est pas en un jour qu’un monde est transformé;
Mais le bon grain fermente, et dans ses flancs antiques,
Où dans l’ombre déjà la semence a germé,
La terre sent courir des frissons prophétiques !


III.


L’ère des combats va finir!
Un nouveau siècle vient d’éclore
Qui fécondera l’avenir,
Et ton règne est comme une aurore.
Du haut des coteaux du Bosphore,
Vois tes nations rajeunir.

De la Mecque au pays bulgare.
Dans le vieil empire ottoman
Le Grec, le Slave, le Tartare,
L’Arménien, le Turcoman,
Le Juif, l’Arabe et le Rouman,
Abjurent leur haine barbare.

Flottant sur l’on de des ruisseaux.
Les vieux chênes des deux Belgrades
Descendent dans les vastes eaux,
Et les plus légers des Sporades