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s’est soulevée. Le 12 Juillet le gouverneur devait partir, le 11, il était attaqué dans le palais du gouvernement ; une partie des troupes se joignait à la population, et, après un combat sanglant, l’insurrection restait maîtresse de la ville, que le gouverneur était obligé de quitter en capitulant devant l’émeute. Depuis, l’insurrection semble s’être propagée et s’être emparée de la ville de Guadalajarra. Quelque grave que soit ce mouvement au point de vue intérieur, ce qu’il y a de plus sérieux, ce sont les traitemens inouis exercés par les autorités mexicaines à l’égard des étrangers. Notre ministre à Mexico a réclamé comme il le devait contre ces violences. Il n’est point permis de croire que le gouvernement mexicain refuse la juste satisfaction due à nos nationaux. Chose étrange, c’est au moment où le Mexique a le plus besoin de l’aide de l’Europe que de tels faits peuvent se passer, c’est au moment où il est intéressé à attirer les populations étrangères qu’on leur réserve ces traitemens ! Des conférences sont ouvertes, assure-t-on, entre les gouvernemens de France et d’Angleterre au sujet de toutes ces complications, qui tendent à faire de l’empire mexicain la proie des États-Unis. Leur intérêt est de soutenir le Mexique comme état indépendant ; mais il y a toujours une condition indispensable : c’est que le Mexique commencera par se soutenir lui-même à l’intérieur, et, dans ses rapports internationaux, respectera le droit et le fera respecter à l’égard des étrangers qui viennent contribuer à sa civilisation par leur travail et leur industrie.

L’histoire de l’Amérique du Sud nous réserve chaque jour bien d’autres épisodes étranges. Les côtes de l’Océan Pacifique viennent d’être le théâtre d’une de ces expéditions aventureuses comme il s’en produit souvent dans ces pays nous voulons parler de la tentative faite par le général Florès pour rentrer dans l’Équateur et y reconquérir l’autorité suprême. L’Amérique du Sud abonde ainsi en généraux déposés du pouvoir, exilés et errant de toutes parts pour enrégimenter des partisans et se rouvrir à main armée les portes de leur patrie. Il s’en faut que quelques-uns de ces généraux, toujours prêts à tenter la fortune, soient sans qualités réelles et sans titres recommandables. Florès, par exemple, est loin d’être un homme vulgaire ; seulement il ne peut oublier qu’il est appelé à commander. Évincé du pouvoir par une révolution en 1845, il n’a cessé, depuis lors, d’organiser des expéditions qui échouaient toujours avant terme ; il a réussi à conduire celle-ci jusque devant Guayaquil et sur le territoire équatorien, et le pire est qu’il est allé se faire battre comme un sous-lieutenant qui s’insurgerait pour passer général. Il faut se rendre compte de la situation du pays pour avoir une idée de la portée de cette expédition. L’Équateur avait, en 1851, un gouvernement conservateur. Or, on sait que les autres états de l’ancienne Colombie sont aujourd’hui au pouvoir de la, démagogie la plus outrée. Le gouvernement de la Nouvelle-Grenade est purement socialiste. Comment se fût-il arrangé du voisinage de la politique conservatrice qui dominait à Quito ? La question des jésuites est venue fort à propos. Les jésuites ont été bannis de la Nouvelle-Grenade ; ils ont été, au contraire, accueillis avec empressement dans l’Équateur. Le gouvernement grenadin a réclamé contre cet accueil hospitalier ; il a demandé l’expulsion des jésuites de l’Équateur, et sur le refus qu’il a essuyé, il a préparé des armemens et a déclaré la guerre à la république équatorienne. Mais alors il s’est