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SOUVENIRS


DE LA


VIE MILITAIRE EN AFRIQUE.




LE DAHRA.
BOU-MAZA. – LE COMMANDANT CANROBERT.




I.

— Le salut soit sur vous!

— Sur toi soit le salut!

— Que la paix et la bénédiction accompagnent vos pas !

Lorsque nous eûmes épuisé les interminables formules de la politesse arabe, nous prîmes place sur les coussins de la tente de Mustapha-ben-Dif, chef d’une cinquantaine de cavaliers indigènes qui servaient d’éclaireurs et de courriers à la colonne de Mostaganem. La soirée était belle, l’air tiède; un vent léger de terre apportait le parfum des grandes herbes et des fleurs du printemps. L’étoffe de laine blanche relevée à l’aide de longs fusils permettait au regard de s’étendre au loin sur le bivouac que les feux d’oliviers éclairaient de leur flamme bleuâtre, et bercés doucement par le murmure de la houle de mer mourant, à un quart de lieue de là, contre la falaise boisée, nous échangions les nouvelles avec ce compagnon de nos courses.

Mustapha-ben-Dif pouvait avoir trente-cinq ans. De moyenne taille, les épaules larges et bien découplées, les traits vifs et mobiles, il