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sous l’autorité des consistoires, du gouvernement des églises particulières. Il conférait en outre à ces conseils et aux consistoires, pour l’administration du temporel, des pouvoirs analogues à ceux que des lois récentes avaient reconnus aux conseils des communes et des départemens. Au sein du conseil d’état, ce projet souleva de vives objections. Le comité de législation exprima l’avis que des conseils presbytéraux pourvus d’attributions propres ne pouvaient être constitués que par une loi. Arrêté par ces difficultés, le projet fut abandonné.

Cependant la loi organique continuait de porter ses fruits. Les églises réformées étaient éparses, fractionnées, sans autorité, livrées à elles-mêmes. Ce n’était pas seulement la liberté qui est dans l’esprit et les principes de cette communion, c’était une indépendance presque absolue dont les effets pouvaient s’étendre jusqu’aux bases mêmes du culte. Dans la confession d’Augsbourg, un directoire composé de membres que l’âge et les infirmités mettaient hors d’état de remplir leurs fonctions s’était perpétué en dépit de toutes les réclamations, et tenait le pouvoir d’une main débile et mal assurée.

Les choses étaient en cet état au moment de la révolution de février. Les églises protestantes prirent part au mouvement général qui s’était emparé de tous les esprits en Europe. Dans le Palatinat, en Saxe, dans d’autres contrées de l’Allemagne, les luthériens s’assemblèrent pour délibérer sur leurs intérêts. À Strasbourg, le directoire se retira devant une manifestation imposante de ses coreligionnaires. Une commission le remplaça, reçut dans ses rangs des hommes animés des meilleurs sentimens, et, de l’aveu du gouvernement, convoqua une assemblée générale qui se réunit, au mois de septembre 1848, à Strasbourg, et qui comptait 96 membres, élus par plus de 30,000 citoyens de la confession d’Augsbourg.

Les mêmes besoins eurent les mêmes résultats dans les églises réformées. Au mois de mai 1848 s’était tenue une première assemblée qui avait posé les bases d’une réunion plus régulière. Celle-ci ouvrit ses séances à Paris, dans le même mois de septembre. Sur 92 consistoires invités à envoyer leurs délégués, 3 seulement manquèrent à cet appel, et un seul y répondit par un refus. Les sentimens les plus modérés, les plus conformes au véritable esprit religieux, dirigèrent l’élection et animèrent l’assemblée qui en fut le produit.

Après de longues délibérations, où l’ordre ne fut [tas un instant troublé, les deux assemblées adoptèrent chacune un projet de loi destiné à modifier la loi de l’an X. Le gouvernement, qui ne s’était pas opposé aux réunions, qui avait même approuvé celles de la confession d’Augsbourg, reçut certainement communication officielle de ces projets. Il ne leur donna aucune suite, cela se conçoit : d’autres soins réclamaient son attention, et peut-être le moment était-il peu favorable à une discussion sur des matières si délicates et qui éveillent tant de