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de Westphalie avait stipulé en sa faveur l’uti possidetis, notamment à Strasbourg, où, sous le régime républicain de cette ville libre et impériale, de luthéranisme était la religion dominante. Strasbourg est demeuré le siège principal de cette église ; environ 30,000 luthériens y sont réunis ; Paris en possède à peu près 15,000. Plus d’un quart de la population du Bas-Rhin se compose de luthériens. Quelques-uns sont disséminés dans le reste de l’Alsace ; au total, ils ne sont établis que dans 9 départemens. Le nombre de leurs pasteurs est de 249, dont 159 dans le Bas-Rhin, 32 dans le Doubs, 28 dans le Haut-Rhin, 10 dans la Haute-Saône, 8 dans la Meurthe, 5 dans la Seine et 3 dans les Vosges.

Deux facultés de théologie sont ouvertes aux protestans : l’une à Montauban, spécialement affectée, ainsi que le séminaire qui y est annexé, aux étudians du culte réformé ; l’état y paie 28 demi-bourses de 200 francs ; l’autre à Strasbourg, où sont réunis les étudians des deux cultes, — mais principalement ceux de la confession d’Augsbourg. 4 bourses et 8 demi-bourses y sont entretenues par l’état pour le culte réformé ; 12 bourses et 24 demi-bourses, pour la confession d’Augsbourg. Strasbourg, vraie métropole des luthériens français, renferme en outre le séminaire et le petit séminaire affectés à cette confession. Héritages de la florissante bourgeoisie d’autrefois, ces deux établissemens lui sont chers. Le petit séminaire est le gymnase, institution qu’on peut appeler la fille aînée de la réforme à Strasbourg ; le séminaire proprement dit, établissement analogue aux séminaires diocésains, et dont les élèves, ce qui l’en distingue, se sont toujours soumis aux épreuves universitaires, est un débris de l’ancienne université, à laquelle Strasbourg devait jadis un rang éminent parmi les principaux foyers de la science. Il jouit d’un revenu propre qui dépasse 80,000 fr., somme employée à ses besoins et grevée en outre de charges de toute espèce au profit des églises protestantes de Strasbourg et de divers établissemens essentiels au culte de la confession d’Augsbourg[1].

On porte à 1,500,000 environ le nombre des protestans français, dont plus des trois quarts appartiennent au culte réformé ; mais cette évaluation n’est point officielle. Le dénombrement de la population d’après les cultes n’a point été fait et présenterait des difficultés presque insolubles. Les deux cultes protestans figurent au budget de 1853 pour la somme de 1,307,550 francs.

Parmi les nombreuses sociétés que l’église évangélique a vu se for-

  1. Ces divers détails statistiques sont en partie empruntés à la statistique générale de la France par M. Schnitzler, ouvrage aussi précieux par la richesse des documens qu’il contient que par son exactitude, et à une note de statistique administrative sur les cultes non catholiques, note pleine d’intérêt et dont la fidélité est garantie par le nom de l’auteur, M. Charles Read, chef du service des cultes non catholiques au ministère de l’instruction publique et des cultes.