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idée, il explore dès son arrivée les terrains aurifères et y trouve généralement assez d’or pour subvenir à ses premiers besoins. Quelquefois ses forces ne correspondent pas à son courage ; l’absence de soins de toute nature, les privations qu’il a dû subir en partageant les travaux des mineurs, l’affaiblissement de sa santé, l’obligent à revenir à San-Francisco pour y chercher d’autres moyens d’existence. Ces moyens existent là comme aux placers ; mais, pour les émigrans que j’ai cités, ils ne peuvent guère être acceptés qu’à la condition d’immenses sacrifices.

L’émigrant qui possède quelques-unes des qualités nécessaires pour lutter avec l’Américain, c’est-à-dire l’esprit du négoce uni à une grande habileté et à une rare prudence, celui-là est certain de trouver en Californie à occuper son activité. Pour lui, le séjour des villes et des points commerçais sera plus avantageux que la vie nomade des chercheurs d’or. Quant à l’homme exercé dès sa jeunesse à une occupation analogue à celle des placers, aux travaux des champs par exemple, s’il est courageux et persévérant, il peut, lui aussi, envisager sa position en Californie avec assez de confiance. L’émigrant de cette classe arrive ordinairement à recueillir à la fin de la journée une quantité de métal représentant une valeur de 4 à 5 piastres en moyenne, ce qui correspond à 20 ou 25 francs, tandis que ses dépenses peuvent ne pas s’élever à plus du quart de cette somme.

On ne saurait trop le répéter, le travail des placers exige une persévérance d’autant plus grande qu’il est soumis à des influences dont la moins pénible n’est pus celle d’une température qui s’élève pendant quelques mois de l’année à plus de 40 degrés centigrades. Trop souvent le mineur, même fort expérimenté, abandonne une place où son travail était amplement rémunéré pour se transporter vers d’autres lieux qu’une importante découverte vient de lui signaler. Les résultats obtenus sur ces terrains devraient au contraire le mettre en défiance, car il est généralement reconnu que près des endroits où a existé une pépite de belle dimension et par conséquent d’une valeur élevée, le précieux métal ne se trouve plus que dans des proportions très minimes. Quoi qu’il en soit, et malgré tant de chances contraires, le travail des fouilles des terrains aurifères offre toujours des revenus, sinon brillans, du moins très acceptables pour la classe d’hommes qui sont appelés à s’y livrer. Je citerai, à cette occasion, un des plus laborieux chercheurs d’or parmi ceux que j’ai rencontrés en Californie. Un ancien soldat d’artillerie, plus tard cultivateur dans l’un des départemens du midi de la France, ne trouva pas même assez d’or pour vivre pendant les six premiers mois de son séjour aux mines ; ses camarades, mieux partagés, l’assistèrent en lui prêtant un peu de l’or qu’ils avaient su découvrir en plus grande abondance. Continuant toujours