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de la trésorerie, à M. Gurley : « La Libéria reçoit de l’extérieur des objets de consommation de toute nature, vêtemens, meubles, vivres, armes, papier, etc….. et aussi beaucoup d’articles pour l’approvisionnement des populations de l’intérieur, car on prétend qu’il n’y a pas moins de deux millions d’indigènes qui reçoivent par les colonies américaines les objets dont ils ont besoin. Les principaux articles d’exportation sont l’huile de palme, le camwood, l’ivoire, le riz, la poudre d’or. On a fait des essais de plantation de tous les végétaux des climats chauds et même tempérés : le coton, la canne à sucre, le café et le cacao, qui n’exigent pas de fortes dépenses, paraissent devoir être une source de grands bénéfices. Le cafier croit naturellement dans les forêts, et donne des produits que l’on compare à ceux de l’Yemen, connus sous le nom de café moka. Il suffit de brûler la terre, et, après un léger labour, d’y planter des boutures du cafier indigène à raison de 250 pieds par acre (48 ares). Au bout de trois ans (on a même vu des cafiers rapporter au bout de deux ans), on récolte trois à quatre livres de café par pied; à six ans, on obtient le maximum de production, qui est de six livres anglaises en moyenne. Les fermes de la Libéria se couvrent donc de cafiers, sur lesquels on fonde de grandes espérances, et le comté de Bassa paraît être celui où cette culture réussit le mieux. Le cacao semble aussi destiné à devenir l’objet d’une forte exportation. Les végétaux purement alimentaires, tels que la cassave, l’igname, la pomme de terre, l’arrow-root, le blé même, ont parfaitement réussi. Il faut tenir compte toutefois de la différence des terrains et des expositions. »

L’agriculture ne s’est pas encore établie sur une grande échelle, et ce qu’on appelle fermes en Libéria ne ressemble guère qu’à nos vergers ou à nos jardins potagers. L’obligation de pourvoir d’abord à la nourriture de la famille a dû nécessairement s’opposer au développement des établissemens ruraux dans une colonie naissante; mais on arrivera sans aucun doute à fonder, comme partout ailleurs, des plantations importantes, dès que le temps, le commerce et l’économie auront augmenté les capitaux et la connaissance des ressources du pays. Une circonstance bizarre a d’ailleurs entravé jusqu’ici les tentatives de grande culture. Les animaux de trait et de somme manquent complètement dans la Libéria. On a apporté des chevaux des États-Unis, des ânes du Cap-Vert; aucun n’a vécu, et cependant cette partie de l’Afrique ne paraît différer en rien d’autres contrées de ce même continent, où l’on élève avec succès de très belles races de chevaux, de vaches et d’autres animaux utiles. Il faut croire que jusqu’ici les essais ont été mal conduits, et que la facilité des transports par eau, jointe au faible développement des cultures, n’aura pas fait sentir aux Libériens la nécessité de se pourvoir d’animaux qui sont les instrumens obligés des travaux agricoles. Les bâtimens qui arborent le pavillon national sont encore peu nombreux. Cependant on a commencé à construire ou plutôt à faire construire aux États-Unis plusieurs navires de divers tonnages; mais la création la plus véritablement utile est celle d’une ligne de paquebots à voile qui circulent entre Baltimore et Monrovia, et établissent des communications fréquentes et régulières entre la métropole et ses intéressantes colonies.

Le climat est chaud, comme on peut le croire d’une contrée aussi voisine