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commémoratif de la prise de la Bastille et le rétablissement de la statue de l’empereur Napoléon sur la colonne. Quatre artistes, M. Brennet, le graveur émérite de l’époque impériale, qui veut rendre un dernier hommage au héros qui l’a si long-temps et si heureusement inspiré, et MM. Domard, Caqué et Montagny retracent à la fois ce dernier événement. Hoche, Kléber et Fergusson se partagent, avec Ney, Soult et le duc de Reichstadt, les sympathies de nos artistes. La prise d’Anvers et l’invasion du choléra sont simultanément l’occasion de nombreuses médailles. L’héroïque Pologne n’est pas oubliée. Lafayette et Casimir Périer, Béranger et Chateaubriand sont glorifiés tour à tour. Ces sympathies si diverses nous donnent une idée assez exacte du mouvement qui emporte la société.

L’attentat Fieschi éclate comme un coup de tonnerre. Dix médailles, frappées en mémoire de cet événement néfaste, dévouent le meurtrier à l’exécration de la postérité en consacrant le souvenir de ses victimes. L’année suivante (1836), l’achèvement de l’Arc de triomphe de l’Étoile est l’occasion d’un même nombre de médailles, parmi lesquelles on distingue celles de MM. Barre et Beaucher. Huit médailles sont consacrées au transport et à l’érection de l’obélisque de Luxor, dix à l’ouverture du musée de Versailles, dont une du module de 81 millimètres, par M. Depaulis. Vingt médailles célèbrent le mariage du duc d’Orléans, et nous font assister aux solennités et aux fêtes qui accompagnèrent cette union. Le navire qui porte la fortune de la nouvelle monarchie a passé les hauts écueils ; il vogue sur une mer libre et tranquille, et tout semble favorable à l’adroit pilote qui le dirige. Un an après le mariage du duc d’Orléans, nous assistons à la naissance du comte de Paris ; mais, dans l’année qui suit, la mort de la princesse Marie, premier deuil de la famille d’Orléans, interrompt subitement le cours de ses prospérités. Parmi les médailles commémoratives de cette mort prématurée, nous citerons celle du module de 68 millimètres, qui rappelle à la fois le mariage et les funérailles, puis celle où l’artiste a eu l’heureuse idée de reproduire au revers la statue de Jeanne d’Arc, le chef-d’œuvre de la jeune princesse.

Dans la période qui s’étend de 1838 à 1840, les médailles semblent se multiplier. La même époque voit célébrer la Prise de Constantine, la Visite du roi Louis-Philippe à Champlâtreux et l’Occupation définitive de l’Algérie. Chaque homme illustre ou soi-disant tel trouve son graveur. Lafayette, Kosciusko et Washington sont réunis sur la même médaille. Nicolas, empereur de Russie, le poète boulanger de Nîmes, Geoffroy-Saint-Hilaire, le maréchal Lobau, M. Isambert, le docteur Bouillaud et bien d’autres encore ont chacun leur médaille. Les monumens rétrospectifs abondent. La prise du Louvre, la prise de l’Hôtel-de-Ville et la protestation des journalistes reparaissent au commencement de 1839, en même temps que la médaille de l’amnistie. Il y a là une sorte d’à-propos, car cette amnistie comprend plus d’un de ces vainqueurs des trois journées et de ces protestans du journalisme. Pendant ce temps, la popularité du héros des temps modernes grandit et s’accroît. Ce n’est plus seulement de l’étonnement ou de l’admiration, c’est un culte. De nombreuses restitutions des médailles impériales, des médailles nouvelles, consacrent chaque jour le souvenir des épisodes mémorables de l’épopée napoléonienne. Trente médailles saluent l’arrivée à Paris du cercueil de Napoléon en décembre 1840. À ces glorieux