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les balanciers de l’état ; d’autres encore, en nombre fort restreint, il est vrai, ont paru clandestinement et sans autorisation.

À partir du règne de Louis XVIII, une modification qui, plus tard, devait amener une sorte de révolution dans l’art, s’était manifestée dans la gravure en médailles. Nous voulons parler de l’extension donnée au module, qui, sous le règne de ce prince et du roi Charles X, passa des 18 lignes (41 millimètres), adoptées sous l’empire, à 22, 24, 26, 30 lignes (50, 54, 56, 68 millimètres), et s’étendit même jusqu’à 34 lignes (76 millimètres). La médaille du Sacre du roi Charles X, de M. Bovy, et celle de la Vendée, par M. Caqué, sont de ce dernier module, maximum atteint à cette époque, où l’on se renferme plus volontiers dans les 22 lignes (50 millimètres). Sous le roi Louis-Philippe, ce module de 22 lignes, d’abord généralement adopté, ne tarde pas à prendre un singulier développement. C’est ainsi que nous voyons les médailles du Choléra atteindre le module de 68 et même de 81 millimètres. La médaille de l’Avènement du roi Louis-Philippe, de M. Depaulis, la belle médaille de la Famille royale, de M. Barre, arrivent également au module de 81 millimètres. Vers 1834 et 1835, le module de 68 millimètres (30 lignes) est généralement employé. Nous le voyons adopté pour la grande médaille de l’École des Beaux-Arts, pour les médailles de Masséna, des Orphelins du Choléra, de l’Achèvement de l’École des Beaux-Arts, de Jean-Jacques Rousseau, de Cuvier, de l’Attentat de Fieschi, de la Statue de Corneille, etc., etc. En 1836 et dans les années qui suivent, on commence à se trouver à l’étroit dans les 68 millimètres, on gagne insensiblement 72 millimètres (32 lignes). La médaille du Roi et du Prince de Salerne visitant la Monnaie, celle du Commerce de Marseille, sont déjà de ce module, qui, à partir de 1840, se reproduit très fréquemment. M. Caunois l’adopte pour la belle médaille de la Colonne de juillet et pour la médaille du 9 août. MM. Depaulis, Domard et Barre l’emploient dans leurs médailles de la Lieutenance-générale, de la Naissance du comte de Paris et de l’Hommage au roi, par Mme Adelaïde ; le premier en tire un très heureux parti dans sa médaille de Saint-Jean d’Ulloa, qui exige un champ assez vaste. C’est vers cette mêmes époque qu’apparaissent ces pièces frappées qui sortent de toutes les proportions connues, et qu’on ne doit considérer que comme des curiosités numismatiques. Nous voulons parler des médailles de MM. Persil et Guizot, l’une du module de 95 millimètres, l’autre de 100, et enfin la grande médaille commémorative de la Loi des chemins de fer, votée en 1842, du module de 113 millimètres (52 lignes).

La nombreuse collection des médailles frappées sous le règne du roi Louis-Philippe embrasse non-seulement les sujets contemporains, mais toute espèce de sujets, et il en existe peut-être autant de rétrospectives que de commémoratives. Au début du règne, ce sont les trois grandes journées et la révolution triomphante que chacun célèbre à l’envi. Bientôt M. Barre retrace le Serment du roi, M. Petit le Rétablissement de la garde nationale, figurée en Minerve et posant son épée sur les tables de la loi, que plus tard elle doit briser. Puis M. Gayrard nous fait assister à la Distribution des drapeaux faite par le roi Louis-Philippe en personne dans l’une de ces revues enthousiastes qui suivirent la révolution de 1830. Les souvenirs de la république et de l’empire se sont ravivés. On célèbre à la fois la pose de la première pierre du monument