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été vu simultanément aux stations, et parce que les résultats d’une observation si fugitive et si peu précise exigent beaucoup de soins pour être appréciés. Les nouvelles observations ont donné, comme les’ observations antécédentes, des hauteurs considérables pour les étoiles filantes ; c’est à 10, 15, 20, 25 lieues qu’elles sillonnent l’espace. L’élévation sera encore bien plus grande pour les étoiles Mantes télescopiques qui ont été signalées par l’astronome américain Mason : c’est cette élévation qui rend si difficile l’explication de l’inflammation de ces météores.

Ces météores (gardons-leur un tel nom, car les comètes n’ont-elles, pas, elles aussi, été long-temps considérées comme des météores avant que l’astronomie les rejetât dans les espaces ?) constituent une série d’études nouvelles et curieuses. Ils ont successivement échappé aux trois premières hypothèses qui furent faites à leur sujet. Suivant la première, ils étaient dus à des exhalaisons terrestres qui se condensaient dans l’atmosphère et retombaient ensuite, de sorte que notre globe ne faisait que recevoir ce qu’il avait émis. Suivant la seconde, c’étaient les volcans de la lune qui nous les lançaient. Suivant la troisième, ces corpuscules formaient un anneau qui circulait autour du soleil comme aurait fait une planète. Ces trois hypothèses, provisoirement bonnes, puisqu’elles étaient vérifiables, se sont trouvées défectueuses. Il a fallu donner un champ plus large à ces météores. Non-seulernent ils ne proviennent pas de la terre, non-seulement ils n’émanent pas de la lune, mais même ils ne sont pas astreints à circuler en anneau autour de l’astre qui règne sur notre système : c’est dans l’espace ouvert qu’ils sont lancés. Un mouvement rapide les emporte, et continuellement ils viennent rencontrer la terre, qui, elle, tourne autour de son soleil.

Il suffit de se représenter cette pluie incessante de corpuscules sur notre globe terrestre pour se faire des espaces cosmiques une idée qu’on n’en avait pas. Ce n’est plus seulement de soleils, de planètes, de satellites, de comètes qu’ils sont peuplés, mais encore ils sont semés d’une masse infinie de corpuscules qui y flottent librement et qui sont entraînés par des courans d’une vitesse merveilleuse. Il est certain que nous avons maintenant un phénomène qui peut nous servir d’indice sur la constitution de ces espaces parcourus par notre terre depuis un nombre illimité de siècles. On le sait, les astronomes sont désormais convaincus que le soleil, qui tourne sur lui-même, est animé aussi d’un mouvement de translation, de sorte que la terre, qui le suit, ne retombe jamais dans le même sillon, et les régions célestes par où elle passe sont, à vrai dire, incessamment nouvelles. Il faudra donc voir, l’observation aidant, si la pluie de météores baisse ou augmente, si l’on arrive dans des localités riches ou pauvres en