Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/916

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il y en avait déjà cinq en activité dans la monarchie prussienne : on en compte treize aujourd’hui. Avant la fin du dernier siècle, le principe avait été mis à l’épreuve en Hanovre, en Danemark, dans les villes anséatiques. Après les guerres de la révolution, l’Autriche, la Russie, la Pologne, la Bavière, le Wurtemberg, cherchèrent dans diverses combinaisons de cet ordre un remède aux souffrances extrêmes de la propriété. Les documens consignés dans les livres de M. Royer et de M. Josseau donnent à penser qu’une quarantaine d’établissemens fonctionnent aujourd’hui en Europe.

Chaque société, en se constituant, s’efforçait de corriger les vices signalés par l’expérience. Le germe de l’amélioration la plus décisive se trouve dans les statuts de l’association fondée à Zelle, en 1790, pour le duché de Lunebourg, sous le patronage du roi de Hanovre George III. Ce prince avait sans doute étudié en Angleterre les systèmes d’amortissement à intérêt composé, dont on se préoccupait beaucoup à cette époque : il eut l’heureuse idée d’en faire l’application au profit de la propriété. Suivant ses conseils, on fit deux parts de la somme versée annuellement par le débiteur, l’une pour l’intérêt de la dette, l’autre pour l’amortissement, et cette dernière, capitalisée à intérêt composé, procura la libération de l’emprunteur d’une manière insensible. Cette combinaison est le ressort essentiel dans le crédit foncier. Il n’en est pas du propriétaire comme du négociant, qui, renouvelant son capital à chaque spéculation, peut se libérer d’un seul coup et à court terme : celui qui emprunte pour acheter un immeuble, ou pour améliorer une terre, ne perçoit qu’un faible revenu du capital qu’il engage ; il ne peut donc éteindre sa dette qu’à la longue et par de faibles annuités. Tout autre mode d’emprunt l’expose à la ruine.

L’exemple donné par l’association hanovrienne ne fut pourtant pas compris immédiatement. Ce mode étant inconciliable avec la faculté d’exiger le remboursement à six mois de date, on craignait de discréditer l’institution en supprimant la clause à laquelle les porteurs de lettres de gage paraissaient attacher la plus grande importance. Cependant, à travers les bouleversemens que subit l’Allemagne pendant les trente années qui suivirent, il dut arriver bien des fois que les demandes de remboursement dépassassent les ressources disponibles. À