Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Piémont et les généraux qui continuaient à la servir, des encouragemens officiels à la révolte des Génois, et des déclamations aussi stériles que pompeuses sur les ressources de la levée en masse : plagiat ridicule des souvenirs d’une tragique époque, dont il sera toujours aisé aux révolutionnaires de tous les pays et de tous les temps de copier les extravagances et les forfaits, mais dont il fallait d’autres hommes que M. Mazzini et les siens pour ressusciter le génie et renouveler l’héroïsme. Grace au ciel, cette honteuse comédie allait finir. Des signes non équivoques déjà annonçaient aux portes des États Romains que ses jours étaient comptés. Florence venait de chasser les agitateurs qui l’opprimaient. La contre-révolution s’était faite aux cris significatifs et effrayans pour toute la faction démagogique de : Vivent les honnêtes gens ! nous voulons des honnêtes gens ! En Piémont, la translation de la couronne s’était opérée des mains de Charles-Albert à celles de l’aîné de ses généreux fils aux acclamations de tout le peuple. Un général hardi et habile avait, presque sans coup férir, fait rentrer Gênes sous l’obéissance royale. L’armée autrichienne victorieuse faisait trembler toute la Haute-Italie ; dans le midi, la Sicile était vaincue ; Naples retournait à grands pas au régime monarchique ; dans le reste de l’Europe, à Paris, à Vienne, à Berlin, l’autorité était rassise, et c’était aux révolutionnaires désormais d’avoir peur. Il ne restait guère plus que Rame en leur pouvoir, et l’usage qu’ils faisaient de ce pouvoir soulevait de tous côtés et de plus en plus contre eux l’horreur ou le mépris.

Les révolutionnaires de Rome, en renversant la papauté, avaient bravé à la fois le sentiment religieux, l’esprit de conservation sociale et la politique entière de l’Occident ; ils avaient, dans leur démence, provoqué tous les gouvernemens conservateurs de l’Europe. Il était inévitable que ces gouvernemens, un jour ou l’autre, intervinssent au nom du catholicisme indignement outragé dans la personne du souverain pontife, au nom de l’ordre social européen compromis par ces insultes, au nom enfin de toutes les traditions et de tous les intérêts de leur commune politique. Dès le mois de décembre 1848, ç’avait été entre les cabinets catholiques une sorte d’émulation de dévouement à la personne du saint père. La cour de Gaëte avait reçu les propositions formelles d’intervention armée des gouvernemens italiens de Naples et de Turin, celles des cabinets étrangers de France, d’Espagne, d’Autriche et de Bavière ; la Russie avait appuyé les protestations et les offres de l’Autriche et de Naples. Pie IX n’avait que le choix de ses défenseurs. La résolution à laquelle, dans de telles circonstances, il paraissait le plus convenable de voir sa sainteté s’arrêter était l’emploi des armes italiennes ; mais une question d’équilibre politique devait malheureusement changer du tout au tout le cours des choses à cet égard. La France, voyant déjà les Autrichiens à Bologne,