Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 13.djvu/769

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


14 février 1852.

Les institutions publiques dont le germe est dans la constitution nouvelle se complètent chaque matin sous nos yeux, et commencent de se montrer telles qu’elles doivent être dans la pensée qui leur a donné naissance. C’est d’abord la création d’un ministère d’état pour simplifier l’action du pouvoir exécutif, en concentrant dans la main et sous l’œil du chef du gouvernement la direction des principales affaires du pays. La loi organique du conseil d’état assigne à ce corps son vrai caractère, qui est d’être le grand instrument législatif du gouvernement ; c’est là, on le sait, que les projets se préparent, que les lois s’élaborent, pour être soutenus ensuite par les membres mêmes du nouveau conseil devant le corps législatif, qui les discute et les vote. Le sénat, qui va prendre la place de la pairie au Luxembourg, est lui-même déjà nommé ; les nouveaux sénateurs sont connus. D’ici à peu de jours enfin, le corps législatif va sortir de l’urne électorale. Les conditions de cette élection sont fixées par une loi récente, dont le principe est le suffrage universel dans la plus large acception du mot, sauf les incapacités résultant de condamnations. Deux points sont également frappans dans la nouvelle législation électorale : c’est, en premier lieu, la transformation du droit de suffrage de l’armée, dont les membres ne peuvent voter qu’à leur domicile originaire, et en outre c’est la stipulation d’une incompatibilité absolue entre toute fonction salariée et les fonctions législatives. Depuis que cette question était débattue avec une si belliqueuse ardeur autrefois, sous la dernière monarchie, peut-être est-il permis d’observer que nous avons fait du chemin, et que nous avons pris des voies un peu inattendues pour arriver à la solution. L’élection du 29 février la trouvera résolue, comme on voit, et achèvera l’organisation des corps publics créés par la nouvelle constitution. Reste le souffle, l’impulsion, l’esprit qui doit animer cet ensemble de créations politiques et en faire un organisme vivant, harmonique et fécond.

Tandis que le pouvoir nouveau accomplit ainsi une œuvre toujours difficile,