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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 janvier 1852.

La constitution nouvelle est maintenant promulguée. En réalité, cette constitution était en germe dans l’acte même d’où elle émane, et plus explicitement encore dans les bases publiquement proclamées dès l’origine. C’est l’organisation d’un gouvernement, pourrait-on dire, plutôt qu’une constitution politique énonçant des droits et des principes. Sous ce dernier rapport seulement, son premier mot est la confirmation des principes primordiaux qui sont passés dans l’essence de la société moderne depuis 1789 : égalité civile, inviolabilité de la propriété, liberté de conscience, vote de l’impôt par le pays. Comme organisation de gouvernement, elle crée des corps publics, — sénat viager, corps législatif, conseil d’état, — divers par leur nature, mais dont le pouvoir exécutif reste le moteur principal, le régulateur souverain. Il serait facile de montrer en quoi la constitution du 15 janvier se rapproche ou diffère particulièrement des deux constitutions monarchiques qui ont régi la France durant trente années, et qui associaient les assemblées délibérantes à l’action politique. L’autorité exécutive a les attributions les plus étendues sous un nom différent : c’est l’autorité parlementaire qui est supprimée ; le caractère de la constitution nouvelle, c’est la suprématie du pouvoir exécutif avec les prérogatives et les responsabilités qui en découlent. Il ne peut échapper à personne, au surplus, que c’est dans l’application que se jugent les combinaisons politiques. Quoi qu’il en soit, les conditions publiques de notre pays sont changées absolument, cela est certain ; elles sont changées dans leur essence même non moins que dans la forme extérieure des institutions. Une fois de plus nous voyons se dénouer le drame des révolutions dissolvantes ramenant impérieusement notre pays à la loi d’une autorité concentrée et prépondérante. Comment ces changemens et ces retours deviennent-ils tout à coup, en certaines heures, possibles et irrésistibles ? Ce serait là sans nul doute la plus grave et la plus instructive histoire, pour laquelle chacun aurait à s’interroger dans la sincérité de sa conscience, — hommes publics et écrivains, — puisque les uns