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parfait accord avec ces principes. S’il existait entre eux une sorte de communauté de fait, elle était toute spontanée et n’impliquait aucune abdication de la volonté individuelle, de l’esprit de famille et de la vie domestique. S’il y avait parmi eux peu de pauvres, c’est que les riches donnaient dans la mesure véritable de leur fortune ; mais, si la charité de ceux-ci était abondante, elle n’était point obligée, et l’église se bornait à leur rappeler les préceptes du divin maître sans fixer en aucune sorte le chiffre de leurs libéralités. Elle n’intervenait que pour dispenser avec une paternelle sollicitude l’argent, les dons en nature et les offrandes de toute sorte apportés au pied de l’autel par les fidèles. L’église centralisait tous ces dons entre ses mains, concentrant en elle toutes les œuvres de la charité comme toutes les aspirations de la foi, et elle distribuait elle-même aux pauvres les aumônes des riches selon un système et par des procédés qui resteront le modèle éternel de la charité pratique.

Les diacres étaient les dispensateurs attitrés de toutes les aumônes, les administrateurs du temporel des pauvres, qui se confondait avec celui de l’église elle-même. Les diacres, dont les uns étaient clercs, les autres laïques, exerçaient ce ministère sous la surveillance de l’évêque, administrateur suprême du trésor des pauvres. Ces diacres étaient assistés par des sous-diacres et par des diaconesses. On sait que celles-ci étaient des veuves qui se dévouaient entièrement aux pauvres, et qui commencèrent à la naissance de l’église cette exploration du vaste royaume de la douleur confiée à la femme chrétienne par une délégation divine. La charge spéciale des diaconesses était de visiter toutes les personnes de leur sexe qui se trouvaient dans le cas de réclamer les secours ou les soins de l’église ; elles rendaient compte de leur mission à l’évêque, et, par son ordre, aux prêtres et aux diacres. Chaque diaconie était comme l’entrepôt et le réservoir du bien des pauvres. Le trésor était formé du produit des aumônes ordinaires, des contributions et collectes des dîmes, des offrandes faites durant le sacrifice, enfin des richesses territoriales des églises. Indépendamment des aumônes ordinaires, chaque chrétien fournissait, aux intervalles qu’il fixait lui-même et dans la mesure de ses facultés, une contribution reçue à l’église pendant le service divin au moment de la collecte. Cette contribution, toute volontaire, pouvait consister en meubles, en provisions, en habits ou en argent. Chaque chrétien apportait au temple ce qu’il se proposait d’offrir pour les pauvres. Ces oblations recueillies par les diacres étaient déposées dans un local annexé à l’église, sauf les fruits nouveaux qu’on bénissait sur l’autel et les pains parfois apportés en si grand nombre que l’autel en était comblé.

Bien que l’aumône fût toute volontaire de sa nature, l’église n’en recommandait pas moins de consacrer les prémices et les dîmes des