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DE


LA MISERE PAÏENNE


ET


DE LA MISERE CHRETIENNE.




Du Problème de la Misère et de sa solution ches les peuples anciens et modernes, par L.-M. Moreau Christophe[1].




En suivant à travers les siècles, sous l’empire des civilisations les plus diverses et des législations les plus contraires, les constantes angoisses de la douleur et de la faim, en voyant le grand fait de la misère résister à tous les efforts, survivre à toutes les révolutions, se reproduire aux jours de progrès comme aux temps de décadence, on est invinciblement amené à conclure qu’un tel fait n’est ni accidentel ni passager, et qu’il se rattache à une loi fondamentale de la nature humaine. L’homme est condamné à la souffrance aussi fatalement qu’à la mort, et ne saurait s’assurer une existence sans douleur non plus qu’une vie immortelle. L’histoire de la misère ne varie jamais que du plus au moins. Il est une sorte de minimum de souffrances et de privations auquel il est interdit aux sociétés d’échapper, quels que soient l’habileté de leurs gouvernemens et l’éclat extérieur de leur fortune ; il est également un maximum de misère qu’elles ne peuvent porter long-temps sans succomber et sans se dissoudre. C’est entre ces deux termes que se débattent depuis six mille ans toutes les générations qui

  1. 3 vol. in-8o, librairie de Guillaumin.