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tempérament patriotique, à des esprits exaltés et illettrés, à des généraux a demi sauvages, à des chefs de bandes, à des rois de meetings. M. Foote se retire également du congrès pour aller occuper le siége de gouverneur du Mississipi, auquel ses concitoyens l’ont élevé. Il n’a pas voulu partir sans donner le spectacle de quelqu’une de ces séances tumultueuses qu’il sait si bien faire naître. Il a remis encore une fois sur le tapis sa proposition au sujet du compromis, et s’est emporté en injures contre la mémoire de Calhoun, contre M. Rhett de la Caroline du Sud et M. Houston du Texas, qui lui ont bien rendu ses impertinences. En dehors de ces discussions grosses d’orages à l’endroit de la politique d’intervention, nous n’avons à signaler que les interpellations du général Cass sur les affaires du Nicaragua. La discussion n’a pas encore abouti à un résultat, mais il y a là encore le sujet de discours audacieux, de bravades, de cris de guerre ; il en est de même de l’affaire de M. Thrasher, citoyen américain résidant à la Havane et emprisonné comme complice de l’expédition de Cuba ; il en est et il en sera désormais de même de toutes les affaires des États-Unis avec les puissances étrangères. La témérité a remplacé maintenant l’antique sagesse ; il est à craindre que l’intervention ne remplace aussi la neutralité.

Nous voudrions plus souvent aussi jeter les yeux sur les républiques espagnoles répandues dans l’immensité du continent américain, et suivre de plus près leur turbulente histoire. Ce n’est pas seulement une ardeur de curiosité qui nous y pousse, c’est l’attrait qui réside dans l’étude de tous les mouvemens de la civilisation ; c’est aussi cette multitude d’intérêts de tout genre qui rattachent ces jeunes pays à l’Europe par les ressources, par les débouchés qu’ils offrent à l’industrie, au commerce, aux populations exubérantes du vieux continent. Les républiques du Rio de la Plata ont eu jusqu’ici le privilège d’attirer principalement l’attention de l’Europe : c’est tout simple ; ce sont celles qui ont coûté à notre diplomatie et à nos flottes le plus de tentatives sans résultat. Pourtant, à côté de celles-là et avec elles, il y a dix républiques en convulsion presque permanente, — monde nouveau qui s’enfante lui-même au milieu des plus pénibles et des plus sanglans efforts ; essaim de peuples sans cohésion, quoique de même race, qui font des révolutions par impuissance de la vie réglée, changent périodiquement de pouvoirs et de constitutions, sans se douter que c’est leur nature et leurs vices qu’ils auraient à transformer, et qui font du plus admirable sol le théâtre d’incessantes et stériles agitations ! Notons cependant quelques exceptions heureuses : le Pérou, depuis quelques années, tend visiblement à s’asseoir, et continue aujourd’hui, sous la présidence du général Echenique, à se développer, comme sous la présidence antérieure du général Castilla. Depuis bien plus long-temps, depuis 1830, le Chili jouissait d’une tranquillité féconde, troublée seulement par des perturbations récentes qui durent malheureusement encore. On sait quelles complications extérieures pèsent sur la situation des états de la Plata ; bien loin de s’apaiser, comme on l’espérait, elles se sont aggravées, dans ces derniers temps, de l’intervention active du Brésil.

Tout indépendans qu’ils soient les uns des autres, ces pays, à vrai dire, n’ont au fond qu’une même histoire, parce que leurs origines, leurs traditions, leurs besoins, leurs tendances et leurs vices sont les mêmes. Les mêmes problèmes moraux, économiques, politiques, s’agitent chez tous à travers des différences