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LES ARTS


DEPUIS LE DERNIER SALON.




LA PEINTURE ET LA SCULPTURE MONUMENTALES.




Si grandes qu’aient été les agitations de ces dernières années, le domaine des arts n’en a que faiblement ressenti les atteintes. Les troubles de la place publique ne paraissent pas avoir franchi le seuil des ateliers. Tandis que le monde s’agite, les artistes produisent et multiplient les œuvres avec cette insouciante fécondité qui, de tout temps les a caractérisés. Les trois dernières expositions, les plus nombreuses qui aient jamais eu lieu, ont déjà témoigné de cette singulière activité. Si ces efforts ne sont pas toujours heureux, ils annoncent néanmoins un surcroît d’énergie dont on doit tenir compte, et qui, mieux dirigé, produirait sans doute d’excellens résultats.

Nous aussi, nous sommes partisan de la liberté dans les arts, mais de la liberté réglée par la raison, fécondée par l’étude, et nous doutons fort que cette franchise illimitée, conquise il y a tantôt vingt années, ait beaucoup profité aux artistes et à l’art. La discipline de l’école avait du moins pour résultat de concentrer les forces et de les mener à maturité ; on ne se croyait pas artiste parce qu’on avait fait l’emplette, d’une palette et d’un pinceau : il fallait avoir fait preuve réelle de talent dans de nombreux concours et pris le pas sur ses camarades de l’atelier, en un mot il fallait savoir son métier, pour tenter la périlleuse épreuve du Salon et affronter le jugement du public. C’est ainsi que se sont formés la plupart des artistes qui se sont illustrés dans ces trente dernières années, à commencer par MM. Ingres, Paul Delaroche