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est celui-ci : trois rails à la partie supérieure et deux rails à l’inférieure, laissant au milieu une portion à double voie qui permet aux trains de se croiser. Les aiguilles inférieures sont dépassées d’abord par le train ascendant, qui, les trouvant dans la position où il les a laissées à sa précédente descente, rentre dans la même voie qu’il a déjà parcourue. Le convoi descendant déplace les aiguilles, et au trajet suivant devient à son tour convoi ascendant ; il est donc inutile d’entretenir sur ce point un aiguilleur. La partie inférieure du plan incliné peut aussi être pourvue de trois rails, comme la moitié supérieure ; de cette manière ou n’a pas besoin d’aiguilles, et le câble n’en fonctionne que mieux.

« Pour desservir ce système au moyen de l’eau, il suffit de petits convois supplémentaires de wagons à réservoir qu’on annexe à chaque convoi montant ou descendant, chaque wagon à réservoir pouvant contenir huit mètres cubes d’eau environ ; ces trains supplémentaires restent constamment attachés à l’extrémité du câble. Le train supérieur des wagons à réservoir chargés d’eau reste sur la principale ligne (que nous supposons être à voie simple), au sommet du plan incliné. Le train inférieur des wagons à réservoir reste dans une gare au pied du plan. À l’arrivée du convoi qui doit gravir le plan incliné, ce convoi passe à l’extrémité de la gare, par-dessus le câble, qui est placé dans une encoche pratiquée à cet effet dans le rail. On met en mouvement les wagons remplis d’eau qui sont au sommet du plan par une légère impulsion, et en retirant les coins qui retiennent les roues. Les wagons à réservoir vide, qui sont au bas du plan, tirés par le câble, sortent de la gare derrière le convoi nouvellement arrivé, qui se trouve ainsi poussé par eux au sommet du plan, sans qu’il soit nécessaire de l’attacher en aucune manière. Une fois au sommet, la locomotive qui fonctionne pendant tout le trajet continue immédiatement sa route en entraînant le convoi, laissant sur la ligne les wagons vides, qu’il faut de nouveau remplir d’eau, si le prochain convoi qu’on attend est aussi un convoi ascendant. S’il ne l’est pas, les réservoirs supérieurs restent vides. Une partie de l’eau peut être laissée dans les wagons inférieurs, pour modérer la vitesse de la descente du convoi, et économiser l’eau, si elle est rare.

« Lorsque le convoi descendant est près du pied du plan incliné, sa marche est légèrement ralentie au moyen des freins ; les wagons à réservoir entrent par leur vitesse acquise dans la gare ; les aiguilles sont changées, le câble est placé dans l’encoche, et le train continue sa course.

« Pour desservir ainsi un convoi de voyageurs, les wagons à réservoir doivent être pourvus de bons freins et avoir une roue à rochet avec chien fixé à l’essieu, agissant exactement comme un cric ordinaire. Le huit de cet appareil est d’empêcher le train ascendant de rouler en arrière, si le câble venait à casser. Pour le train descendant, il va sans dire que le chien est renversé, et ce sont les hommes accompagnant les wagons à réservoir qui règlent la vitesse au moyen des freins.

« Ce service sera mieux compris par un exemple. Supposons un convoi arrivé au pied d’une série de plans inclinés : il dépasse les wagons à réservoir qui sont dans la gare ; ceux-ci le suivent en le poussant au sommet du plan et sont accompagnés de deux hommes ; ils croisent au milieu le train descendant