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actes. » M. Simrock avoue de bonne foi que sa rédaction est tirée de plusieurs sources, que le dialogue, auquel il n’a pourtant rien ajouté d’essentiel, lui appartient en partie, et qu’il est seul responsable des vers[1]. Dans cette pièce, l’action se passe à Mayence, et non à Wittenberg, séjour de Faust dans tous les livres populaires, d’où quelques critiques ont été induits à dire que cette substitution de lieu avait été généralement admise par les joueurs de marionnettes, qui avaient confondu le Faust de la légende et le célèbre imprimeur associé de Guttemberg. Ce changement de lieu ne se trouve que dans le texte de Ch. Simrock ; la scène, dans la pièce de Geisselbrecht, est à Wittenberg, ainsi que dans plusieurs des rédactions dont nous allons parler.

On ne possédait que les deux textes peu satisfaisans de MM. Simrock et von der Hagen, lorsqu’en 1847 M. Scheible, à force de recherches et de dépenses, parvint à retrouver et publia dans le Closter en 1847 cinq autres rédactions de Faust-marionnette, à savoir : 1° le Docteur Jean Faust, en deux parties de sept actes chacune, appartenant au théâtre des marionnettes d’Ulm (la scène est à Wittenberg) ; 2° Jean Faust, tragédie en trois parties et en neuf actes, du répertoire des marionnettes d’Augsbourg, rédaction très ample et une des plus anciennes, dont la scène est également à Wittenberg ; 3° Jean Faust ou le Docteur mystifié, comédie mêlée d’ariettes, plus récente, appartenant : au même théâtre ; 4° le Docteur Faust, célèbre dans le monde entier, pièce en cinq actes, du théâtre des marionnettes de Strasbourg, entremêlé d’un assez bon nombre de phrases françaises ; 5° Faust, histoire du temps passé, arrangé pour les marionnettes de Cologne par M. Chr. Winters[2]. M. Scheible a publié ces pièces comme elles lui sont parvenues, avec leurs lacunes, leurs altérations, leurs incorrections grossières, surtout dans les passages latins, curieux vestiges du XVIe siècle, que les dynasties successives de joueurs de marionnettes ont maintenus, sinon respectés. On peut dire qu’aucune nation en Europe n’a pris autant de soin que l’Allemagne pour reconstituer l’histoire de son théâtre populaire.

Ce n’est pas tout : il a paru encore, en 1850, à Leipzig, un nouveau texte de Faust (das Puppen-Spiel vom Faust) qui affecte de plus hautes prétentions. Le titre déclare que dans cette nouvelle édition l’ancien et véritable Faust des marionnettes est publié pour la première fois sous sa forme originale. L’éditeur ne s’est pas nommé, mais sa préface et ses notes sont d’un homme de goût et de savoir. Son texte, s’il faut l’en croire, est d’un siècle au moins antérieur à celui des éditions

  1. Voy. Carl Simrock, Doctor Johannes Faust ; Puppen-Spiel in wier Aufzügen ; préface.
  2. Ces cinq pièces, outre le travail de M. von der Hagen et le texte de Geisselbrecht, sont réunies dans le Closter, t. V, p. 747-922.