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accueilli par les autorités municipales de Nuremberg, de Hambourg et de Breslau. C’est lui qui, le premier, fit jouer en Allemagne la traduction des comédies de Molière[1]. Il recrutait ordinairement ses acteurs et les interprètes de ses pantins parmi les étudians de Leipzig et d’Iéna[2]. Lui-même était habile à improviser à la manière italienne. En 1688, il fit jouer à Hambourg une Haupt-und Staatsaction sur la chute d’Adam et d’Ève suivie d’une pièce bouffonne Pickelhäring im Kasten. Après l’avoir perdu quelque temps de vue, nous le retrouvons en 1702 directeur de la troupe royale et ducale de Pologne et de Saxe, et faisant jouer à Hambourg, le 15 juin, Elie montant au ciel ou la Lapidation de Naboth, excellente Haupt-Action (c’est l’affiche qui le dit), avec une agréable pièce finale intitulée : le Maître d’école assassiné par Pickelhäring ou les Voleurs de lard joliment attrapés[3]. Remarquons que Weltheim avait une prédilection marquée pour Pickelhäring, qu’il substitue presque toujours à Hanswurst. Après une nouvelle éclipse, Weltheim reparaît à Hambourg en 1719, où il fait jouer un drame à grand spectacle : le Tyran amoureux ou Asphalides, roi d’Arabie, avec Arlequin, jurisconsulte sans cervelle, et les Précieuses ridicules de Molière[4]. En 1721, ses marionnettes donnent dans la même ville deux Haupt-Actionen sur des sujets religieux : 1 ° l’Histoire édifiante et digne d’être vue de la chute du roi David et de son adultère avec Bethsabée, suivie de son profond repentir excité par le sermon du prophète Nathan, avec une pièce finale : le Souper coûteux de Pickelhäring ; 2° la Destruction de Jérusalem, dédiée au sénat de Hambourg et suivie de la divertissante comédie le Malade imaginaire. Ce titre, comme celui des Précieuses ridicules, que nous avons vu plus haut, était écrit en français sur l’affiche, à cause de l’extrême célébrité des deux pièces ; mais elles étaient jouées en allemand.

Ferdinand Beck, directeur de la troupe privilégiée des cours de Saxe et de Waldeck, donna à Hambourg, en 1736, trois pièces de marionnettes remarquables : 1° une Haupt-Action, sur un sujet traité depuis par Schiller : le plus grand Monstre de l’univers ou la Vie et la mort de l’ancien général impérialiste Wallenstein, avec Hanswurst ; 2° un prologue musical, dédié au sénat de Hambourg, intitulé le Séjour de la paix confirmée par le ciel lui-même, avec Cinna ou la Clémence d’Auguste, probablement d’après Corneille[5] ; 3° un petit drame en musique sur la chute d’Adam et d’Ève, qui est, je crois, la pièce assez singulière que M. Schütze (l’historien du théâtre de Hambourg) dit avoir vu jouer

  1. Voyez Scheible, Dos Closter, t. VI, p. 359.
  2. Floegel, Geschichte der Komischen litteratur, t. IV, p. 319.
  3. C’est-à-dire Pickelhäring dans une boutique de Polichinelle. Prutz, ouvrage cité.
  4. Schütze, ouvrage cité, p. 34-40. — Prutz, ouvrage cité, p. 211.
  5. Schütze ; ouvrage cité, 45-60. — Prutz, ibid., p. 207-211.