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par la draperie de lin transparente à travers laquelle se dessinent de suaves contours ; l’enfant s’est jetée hors de sa couche, tremblante et joyeuse, l’œil dilaté, la bouche souriante ; elle élève au dessus de sa tête le flambeau qui guide son Léandre. Cette petite tête, si pleine de jeunesse et d’amour, est ravissante et en harmonie parfaite avec le sentiment général de la composition.

Il nous semble, au contraire, qu’il y a désaccord entre le geste enfantin de la Psyché, de M. Legendre Héral, saisissant un papillon posé sur son genou, et les formes déjà bien développées que le sculpteur a données à cette statue. La tête seule est bien. Le Berger Cyparisse de M. Marcellin, est d’une pose juste et vraie, mais il a une tête disgracieuse. La Jeune Fille de M. Chambard, écoutant le bruit d’un coquillage, voudrait des formes un peu moins lourdes. Chez M. Renoir enfin, l’idée vaut mieux que l’exécution. Horace enfant s’étant endormi, des colombes le couvrent de verdoyans feuillages ce modèle est en plâtre ; en le taillant, en marbre, M. Renoir fera bien de donner plus de soin à la tête, qui est effacée et sans caractère.

M. Maindron a eu une fois dans sa vie une inspiration qu’il se borne depuis lors à rhabiller : on retrouve sa Velléda partout, dans le bas-relief de la Fraternité, dont la moitié est ingénieusement empruntée à Prudhon, et dans une lourde Sainte Cécile aux jambes raides que l’on peut renvoyer dos à dos avec l’épaisse Suzanne de M. Grass. M. Vauthier montre au contraire qu’il a le don de la grace dans le modèle en plâtre du Printemps, jeune fille qui s’avance d’une allure aisée en semant des fleurs ; mais un des plus attrayans exemples en ce genre est sans contredit la statue de M. Pollet. M. Pollet l’a intitulée une Heure de la nuit. Elle s’élance une étoile au front, la tête endormie et les bras levés et rejetés en arrière, ce qui fait valoir un torse et des jambes admirablement modelés Les avant-bras seuls paraissent un peu maigres et trop courts : peut-être est-ce parce qu’on ne les voit qu’en dessous. Quant à la tête, quoique très élégante, elle a le nez retroussé et un peu de l’air mutin que M. Pollet a mis dans son charmant petit buste d’une Bacchante. C’est un défaut ici, où la noblesse devait être alliée à l’élégance. Toutes les parties du reste sont très fines et modelées avec un soin extrême. Remarquons que le titre de cette statue est un peu recherché : on trouverait plus naturel que M. Pollet l’eût appelée Sapho, car la première idée qui naît en la voyant est celle d’une femme qui se précipite.

Les animaux et les bêtes fauves nous envahissent de plus en plus ; bientôt ils seront en nombre, et nous ne sommes pas sans quelque inquiétude de les voir se rendre maîtres de la place. Ce genre de sculpture se développe, parce qu’il est assez facile et que ses produits se débitent aisément, surtout lorsqu’ils sont d’une dimension appropriée