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LA


POLITIQUE EUROPEENNE


EN CHINE.




RELATIONS DE l’ANGLETERRE ET DE LA FRANCE AVEC LE CELESTE EMPIRE.




On se préoccupe médiocrement aujourd’hui des événemens qui s’accomplissent aux extrémités de l’Asie Nous avons trop à faire avec nous-mêmes pour nous soucier de ce qui se passe à l’autre bout du monde. Qu’importe la mort de l’empereur Tao-kwang ou celle de l’empereur Thieu-tri ? qu’importent la Chine, la Cochinchine, l’Asie entière, aux péripéties tristes et souvent terribles de la politique au milieu de laquelle nous sommes condamnés à vivre ? A quoi bon ajouter au lourd fardeau de la situation présente la sollicitude qu’inspirerait, en d’autres temps, le rôle de l’influence française en Orient ?

Ce n’est donc pas sans hésitation que nous nous embarquons pour ces rives lointaines. Quelque courte que soit la traversée, grace aux steamers de la Compagnie péninsulaire, il y a encore aujourd’hui entre la France et la Chine, entre les intérêts apparens de l’une et de l’autre nation, une distance énorme, et pour nous la grande muraille’ est toujours debout. Allez à Londres, à New-York, dans tous les ports de l’Angleterre ou des États-Unis : vous y recueillerez à chaque pas quelque nouvelle de Singapore, de Canton, de Hong-Kong, de Shanghai. À peine en France connaissons-nous les noms de ces immenses marchés où s’échangent les produits de deux mondes. Le Céleste Empire garde, à