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Ce dernier système est l’opposé de celui qui se règle le côté où le soleil se montre le matin à l’horizon. L’orientation de leurs cartes est tout le contraire des nôtres ; le midi est placé en haut et le nord en bas, d’où il résulte que l’est occupe la gauche du spectateur, et l’ouest sa droite.

Une question qui, par l’intérêt qu’elle présente, a exercé la sagacité et l’érudition de plusieurs savans, et pour la solution de laquelle, M. Reinaud a rassemblé de nouveaux et très curieux documens, est celle qui se rattache aux origines de la Boussole et à la date où ce précieux instrument a été connu des musulmans. Après avoir discuté plusieurs passages de Guyot de Provins, du cardinal Jacques de Vitry, d’Albert le Grand, de Vincent de Beauvais et d’un auteur arabe nommé Baïlak, qui tous florissaient au XIIIe siècle, M. Reinaud prouve que, vers la fin du XIIe et le commencement du XIIIe, l’aiguille aimantée servait à la fois en Orient et en Occident : circonstance qui s’explique facilement par les relations multipliées que le commerce des républiques italiennes et les croisades avaient créées entre les chrétiens et les musulmans. Il montre que rien ne nous révèle l’époque certaine où fut constatée la propriété qu’a le fer aimanté de se tourner vers le nord, encore moins le pays où cette admirable découverte vit le jour.

Les géographes arabes ont emprunté aux Grecs la division du globe terrestre en cinq zones ou bandes, chacune correspondant à une température particulière : la zone torride, située entre les deux tropiques ; les deux zones glaciales, dans le voisinage des pôles, et les deux zones tempérées, qui séparent la zone torride de la zone glaciale. D’après une idée étalement puisée aux sources grecques, le quart seulement du monde est habité ; le reste est couvert par les eaux ou rendu inhabitable soit par l’excès du chaud soit par l’intensité du froid. La partie, habitée du globe est située dans l’hémisphère septentrional on la nomme le quart habité du monde. De là est venu le titre de Quart habité du monde qui a été donné à plusieurs traités de géographie. Tout autour du globe s’étend, suivant l’opinion des Arabes, une vaste mer, la mer environnante. Ils supposaient qu’elle était couverte de ténèbres à une latitude un peu au-dessus de l’équateur. Quant à la partie, qui est sous la ligne équinoxiale, ils croyaient généralement, malgré l’assertion de quelques voyageurs qui s’étaient avancés vers le sud, qu’elle était remplie d’une eau épaisse et bourbeuse, sur laquelle il était impossible de naviguer.

La division de la portion habitée du globe en plusieurs climats est aussi d’origine grecque. Adoptée par les savans de la Perse dans les premiers siècles de notre ère, lorsque les doctrines de l’école d’Alexandrie se répandirent en Orient, elle fut importée aussi dans l’Inde, comme tout porte à le croire. Ptolémée, dans sa Géographie, compte vingt-deux climats ; mais quelques auteurs qui l’avaient précédé n’en avaient admis que sept : ce dernier nombre prévalut chez les Arabes, quoiqu’ils reconnussent, comme les anciens, qu’il existe en dehors de ces limites des terres habitées. Ce qui probablement a décidé la plupart des géographes musulmans à ne pas tenir compte de ces contrées reculées, c’est que l’islamisme y fut introduit qu’assez tard. D’ailleurs le nombre sept avait à leurs yeux l’avantage de concorder avec les doctrines des Indiens, qui divisaient la terre en sept duwipas ou îles, avec celles des Perses, qui la partageaient en sept keschouers, et avec les sept terres et les sept cieux de l’auteur du Koran.

À l’imitation des Grecs, les Arabes se servirent du terme de longitude pour